La moisson algérienne, qui s'arrête aux deux médailles d'argent obtenues par un seul coureur, Taoufik Mekhloufi, conjuguée aux déclarations dénonciatrices de certains athlètes, donne un aperçu de la situation dans laquelle se trouve, aujourd'hui, le sport national. Le bilan de la participation algérienne ne peut être «positif» ou «satisfaisant», comme l'affirment certains responsables, au vu des objectifs exprimés avant les Jeux, mais également par rapport au potentiel existant. «Selon les prévisions avancées par les fédérations, on se déplacera au Brésil avec l'objectif de glaner quatre médailles. Les couleurs des médailles n'ont pas été précisées», avait déclaré le président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf, le 18 juillet dernier lors d'une conférence de presse. «Les Fédérations d'athlétisme, de boxe et de judo ont pronostiqué des médailles. Des athlètes comme Taoufik Makhloufi, Larbi Bourrada et Mohamed Flissi ont les moyens de réaliser de belles choses. D'autres peuvent s'illustrer aussi. Nous avons offert toutes les conditions nécessaires aux sportifs pour réussir et c'est à eux maintenant de concrétiser», avait-il ajouté. C'était, bien évidemment, avant le déplacement de la délégation algérienne au Brésil. Il était même question de faire mieux qu'à Sydney, l'édition de 2000 durant laquelle l'Algérie avait décroché cinq médailles. Dans le même ordre d'idées, plusieurs responsables n'ont manqué aucune occasion pour rappeler que le pays allait être représenté à ces JO par sa plus importante délégation depuis l'indépendance. Il y a eu 64 athlètes dont l'équipe nationale de football (18 éléments). Un enthousiasme qui a commencé à s'estomper au fur et à mesure que les athlètes algériens se faisaient éliminer. Il va sans dire que sur le plan individuel, les performances de certains athlètes — Bourrada qui a décroché la 5e place dans le décathlon, le jeune boxeur Benbaaziz, les deux rameurs Sid-Ali Boudina et Amina Rouba, pour ne citer que ceux-là — sont à saluer. Mais pour ce qui est des trois fédérations citées et leurs «prévisions», on est loin du compte. Makhloufi, avec ses deux médailles d'argent dans le 800 et 1500 m, a sauvé la face de l'athlétisme national, comme il l'avait fait à Londres en 2012. Mais le judo et surtout la boxe sont rentrés bredouilles. Les déclarations de certains boxeurs et responsables du noble art, faites avant l'entame des compétitions, étaient optimistes. Le podium était assuré. «On table au moins sur une médaille», avaient maintes fois lancé les responsables de la Fédération de boxe. Finalement, il n'en fut rien. Même l'expérimenté Mohamed Flissi a chuté en quart de finale face à un jeune boxeur de 19 ans. Loin l'idée de remettre en cause le potentiel et les capacités de beaucoup d'athlètes participants, les responsables des fédérations devraient rendre des comptes quant à la justesse des stratégies de préparation adoptées et des budgets dépensés à cet effet. D'autant plus que beaucoup d'athlètes, à commencer par le double médaillé Makhloufi, ont dénoncé la mauvaise prise en charge de leur préparation. Et si la préparation était insuffisante, ces mêmes responsables n'avaient qu'à s'exprimer. Or, ils n'ont cessé d'affirmer que la préparation était bonne. Ceux-là même qui, aujourd'hui, estiment que la participation algérienne aux JO de Rio est «satisfaisante», tentant ainsi de masquer un échec dont tous les Algériens sont conscients. Des prévisions de quatre médailles aux deux du seul Makhloufi, il y a matière à polémiquer. Sous d'autres cieux, l'échec ne se passe jamais sans conséquences. Une règle qui ne s'applique pas au sport algérien. D'où d'ailleurs la volonté de certains de vouloir «atténuer» cet échec. Et en 2020, lors des prochains JO, il y aura toujours ces mêmes responsables qui exprimeront les mêmes objectifs avec, à la fin, les mêmes résultats… ou pire.