Le wali a instruit les maires pour lui faire des propositions de reconversion des locaux commerciaux du programme présidentiel dit des 100 locaux par commune. Il s'agit en particulier de locaux implantés en des lieux excentrés et demeurés sans attribution, ou que les attributaires ont laissés à l'abandon, faute de pouvoir les exploiter en raison de leur inadéquate implantation. L'idée est de les affecter à d'autres activités ou à d'autres usages (administratif, atelier, etc.) au profit des collectivités locales ou des institutions publiques, tel le secteur de la culture. Cependant, cette initiative risque d'être fâcheusement contrariée par à une sérieuse difficulté. En effet, nombre de ces locaux ont été squattés et habités par des familles qui n'ont pas attendu qu'ils soient reconvertis. Pis, certains locaux, comme à Beni Saf, ont été sommairement aménagés par des particuliers qui, eux, n'étaient pas dans le besoin, mais qui ont réalisé une «bonne» affaire en vendant le pas-de-porte à de malheureux laissés-pour-compte des logements sociaux. On se rappelle qu'en 2014, des élus de l'APW s'étaient émus du détournement de ces locaux transformés en nouveaux habitats précaires qu'il faudra résorber plus tard. A l'époque, ni le chef de l'exécutif de wilaya ni une autre institution n'ont réagi. Pour rappel, l'opération était mal partie dès le départ. En effet, dès la mise en place du programme, sa réalisation est stoppée net par une première incohérence, puisque pour la construction des locaux, l'autorisation de programme (AP) prévoyait un coût de 17 000 DA/m2 en zone urbaine et seulement 14 000 en zone rurale. La logique aurait voulu des proportions inverses. Par ailleurs, l'AP fixait uniformément le même coût pour toutes les wilayas alors qu'à Témouchent, zone sismique oblige, l'infrastructure doit être à 8 barres de rond à béton, et non à 4 comme ailleurs, ce qui induit des surcoûts. De même, d'autres rubriques, telle la viabilisation, avaient été omises par l'AP initiale. Du coup, le temps que la réévaluation de l'AP soit obtenue, c'est une année de retard qui est enregistrée. Le deuxième accroc, plus sérieux celui-là, était consubstantiel à l'opération. Programme labellisé «présidentiel», un sceau qui n'admet aucun flottement, l'obligation de le concrétiser sur le terrain a fait escamoter l'essentiel, à savoir une répartition par commune sur la base de la demande réelle. A l'arrivée, l'on s'est aperçus qu'en zone rurale, la demande est pratiquement nulle et qu'elle n'est véritablement consistante qu'au niveau des trois principaux chefs-lieux de commune sur les 28 de la wilaya. Autrement : on avait construit pour rien. Enfin dernier écueil, il y a l'exiguïté des locaux (20 m2) pour certaines activités et l'incompatible proximité entre certaines activités (salon de coiffure et atelier de soudure). La question de l'exiguïté devait être réglée par la mise à disposition de deux locaux pour les activités nécessitant de l'espace du fait que nombre de locaux n'avaient pas trouvé preneurs. Mais, avec le changement de wali, il a été décidé de s'en tenir stricto sensu aux textes. C'est ce qui est à l'origine des squats. Réussira-t-on à résorber la situation ?