Cette étape «si simple» constitue un parcours du combattant, à telle enseigne que les gens préfèrent, aujourd'hui, acheter leur véhicule dans leur wilaya pour éviter ce «casse-tête blidéen». Quand on achète un véhicule immatriculé en dehors de sa wilaya de résidence, on est obligé de le faire passer chez l'ingénieur des mines pour s'assurer de sa conformité et pouvoir l'immatriculer dans la wilaya d'accueil. La formalité est incontournable et simple (en apparence). A Blida, cette étape «si simple» constitue un véritable parcours du combattant, à telle enseigne que les gens préfèrent, aujourd'hui, acheter leur véhicule dans leur propre wilaya pour éviter ce casse-tête «blidéen». Qu'en est-il au juste ? Nous attirons, d'abord, l'attention sur cet amalgame linguistique devenu courant chez les automobilistes de cette wilaya : cette expression ne qualifie pas forcément l'agent de l'Etat qui procède à l'expertise, mais elle concerne l'opération en elle-même. Premier jour, dimanche, nous nous sommes présentés à 6h15 à Bouarfa, une commune limitrophe de Blida : plusieurs centaines de voitures étaient déjà là, en file indienne. Nous accompagnons un automobiliste pour les besoins de l'enquête. Le jour commençait à poindre, le décor se dessinait petit à petit. Nous étions au milieu de chantiers d'où sortaient, par moments, d'énormes engins, un endroit bordé, d'un côté, de roseaux et de cours d'eau douteux, et de l'autre, de constructions inachevées, un lieu sinistre que la direction des transports a choisi pour cette opération. Les propriétaires de véhicule attendaient docilement l'arrivée de l'ingénieur. Ce dernier arriva à 8h comme prévu. Ce n'est que vers 10h que le convoi a commencé à bouger, à cause des voitures qui étaient agglutinées à la tête de la chaîne et qui revendiquaient leur priorité. On avançait centimètre après centimètre vers le hangar qui servait de préau à l'ingénieur. A 12h25, l'opération prit fin. Nous, qui occupions la 217e place, ne pûmes passer. Nous quittâmes la chaîne au milieu d'une foule qui grondait. Un homme avec une casquette rouge affirme que c'est la huitième journée qu'il passe dans cet endroit à attendre en vain l'expertise de son véhicule. Deuxième jour, lundi. Arrivée à 5h30. Même scénario. A midi cinq, nous sommes stoppés par la décision de l'ingénieur, à quelques mètres de la «ligne de libération» (expression d'un automobiliste). Plus de 200 voitures dès 3h du matin ! Troisième jour, mardi. Beaucoup d'automobilistes semblent passer la nuit sur place pour s'assurer leur place ! Arrivée à 3h20. Il y avait un peu moins de deux cents voitures avant nous : l'espoir est permis. Nous dûmes attendre patiemment 8h, l'arrivée de l'ingénieur. Il est ponctuel. Même scénario à midi une minute (montre en main), nous sommes devant l'expert avec notre véhicule. La vérification des numéros (châssis et plaque de rappel) se passe sans encombre. Nous sommes enfin passés. L'homme semble fatigué, irrité par le comportement de certains clients, mais raisonnable et correct. Ce n'est donc pas l'ingénieur des mines qui pose problème, qu'on a entendu critiquer pendant trois jours ! Les questionnements que nous avons pu recueillir, autour de nous, et qui sont légitimes, s'adressent plutôt à la direction des transports de la wilaya de Blida. Pourquoi, s'interrogent certains, ne pas envoyer plusieurs ingénieurs en même temps pour accélérer le travail et rendre la tâche moins pénible ? Nous savons, et c'est une initiative louable, que cette direction a installé, au niveau de chaque daïra, une commission de retrait de permis, pourquoi ne pas faire la même chose pour l'expertise ? Un ingénieur par daïra rendrait cette opération plus fluide. D'autres ont proposé plus de crédibilité pour la fiche de contrôle, ce qui signifierait la suppression de cette expertise. Beaucoup de propositions que la direction des transports devrait étudier pour que «l'ingénieur des mines» redevienne ce commis de l'Etat qui protège des véhicules trafiqués ou volés qui, selon la rumeur, circulent dans nos rues et provoquent les drames que nous subissons chaque jour.