La sécheresse et les mauvaises conditions climatiques sont toujours mises en avant pour justifier les contre-performances de ces dernières années. La production céréalière de l'Algérie a été, cette année, l'une des plus médiocres sur les six dernières années, enregistrant environ 33 millions de quintaux, contre 40 millions l'année dernière. Selon le ministre de l'Agriculture, Abdeslam Chelgham, qui en a fait l'annonce hier à Alger, cette baisse de la production est due à «plusieurs facteurs, dont essentiellement la sécheresse qui a touché différentes régions à vocation céréalière, notamment Tiaret, Sidi Bel Abbès, Tébessa et Aïn Témouchent». La wilaya de Tiaret, l'une des principales régions céréalières, a été particulièrement touchée par le verglas et les facteurs climatiques ont été, à hauteur de 40%, à l'origine de ce mauvais résultat pour l'ensemble de l'est du pays, a expliqué le ministre. Il faut dire qu'en dépit des mesures de soutien mises en place par les pouvoirs publics en faveur de cette filière, la production céréalière, qui dépend essentiellement de la pluviométrie, enregistre ces dernières années un recul, comparativement à l'année record enregistrée lors de la campagne 2008-2009, qui avait culminé jusqu'à 61,2 millions de quintaux, suivie d'une chute à 45 millions de quintaux en 2010 et à 42,45 millions de quintaux en 2011, avant de remonter à 51,2 millions de quintaux en 2012, et de rechuter par la suite à 49,1 millions en 2013 et à 35 millions de quintaux en 2014. La sécheresse et les mauvaises conditions climatiques sont toujours mises en avant pour justifier les contre-performances de ces dernières années, bien que d'autres raisons d'ordre technique, administratif et organisationnel subsistent et empêchent beaucoup de céréaliculteurs de réaliser de bonnes récoltes. Le président du Conseil interprofessionnel des céréales, Laïd Benamor, évoque entre autres le problème du foncier agricole qui, selon lui, n'incite pas les agriculteurs à investir, notamment dans l'acquisition des équipements nécessaires pour l'irrigation d'appoint, une technique qui s'avère aujourd'hui une alternative nécessaire sinon indispensable pour pallier le déficit pluviométrique de plusieurs régions du pays. Les pouvoirs publics, qui se sont fixé l'objectif d'atteindre les 600 000 hectares de périmètres irrigués pour la filière des céréales à l'échéance 2019, voudraient également réaliser une autosuffisance en blé dur à l'horizon 2020. Toujours selon Laïd Benamor, cet objectif pourrait être à la portée des agriculteurs à la seule condition d'apporter aux investisseurs une meilleure visibilité. En attendant, le pays sera appelé durant les mois à venir à importer plus de céréales pour compenser la baisse de production de cette année. Déjà, pour le premier semestre 2016, les quantités de blé, de maïs et d'orge importées ont enregistré une hausse de 8,7% par rapport à la même période de 2015. La facture de ces importations a toutefois connu une baisse de près de 18% pour la seule raison du recul des cours sur les marchés mondiaux des céréales constaté depuis 2015 à la faveur de stocks abondants et de bonnes récoltes mondiales. Les besoins du pays en céréales, faut-il le rappeler, sont de l'ordre de 80 millions de quintaux par an, ce qui classe l'Algérie comme l'un des plus importants pays importateurs de céréales.