Jeudi dernier, vers 22h, agissant sur renseignement fourni par la garde communale, la BMPJ a procédé à l'arrestation de 12 personnes âgées entre 20 et 41 ans. Originaires pour neuf d'entre elles d'Oran et trois de Mascara, elles s'étaient regroupées dans la discrète deuxième plage de la ville de Béni Saf, lieu de rendez-vous avec leur passeur qui devait les embarquer cette nuit-là. Ce convoyeur, un Béni Safien, Mohamed, qu'ils ne connaissent que de vue, s'était fait payé d'avance la somme de 750 000 DA. Ainsi, c'est au commissariat que s'est terminée leur fugue du territoire national. Il s'agit de la 13e tentative d'émigration clandestine enregistrée depuis août dernier à partir du littoral témouchentois. Dans ce décompte, il n'est question que des tentatives ayant échoué, le nombre de celles ayant abouti demeure inconnu. Il y a généralement découverte de tentative que lorsqu'il s'agit de candidats à l'émigration clandestine venant d'autres régions. Leur présence en nombre, à une heure indue et à un endroit particulier, les dénonce à la surveillance exercée sur le littoral depuis que le phénomène harraga a pris de l'ampleur. Mais lorsqu'il s'agit de harraga parmi lesquels domine l'élément témouchentois, la tentative a plus de chance de réussir si le mauvais temps ne vient pas s'en mêler. Par ailleurs, selon certaines informations, des bateaux de pêche grassement payés assurent en partie le transport des harraga avec leur embarcation au plus loin en mer de façon à échapper aux garde-côtes. Au bout du compte, sur les 13 tentatives échouées, trois se sont achoppées en mer. Au total, ce sont 150 personnes qui ont été appréhendées. Cependant, les services de sécurité se disent désarmés face au phénomène puisqu'une fois remis à la justice, les candidats à l'émigration clandestine sont libérés pour cause de vide juridique. En effet, il n'y a poursuite que s'il y a vol d'embarcation. Par ailleurs, il n'y a également poursuite que lorsque les harraga sont pris en mer et seulement par les garde-côtes en vertu du code maritime. Mais même dans ce cas, l'impunité est la règle puisque les articles 479 et 493/1 de ce code relativement au moyen de transport non sécurisé et à l'absence de permis de navigation ne s'appliquent qu'au passeur qui tient la barre. Or devant un tribunal, ces dispositions juridiques ne sont pas prises en considération, cela en vertu de l'article 268 qui ne responsabilise que les commandants de bord. « Cela veut dire que vous pouvez mettre en danger la vie des gens si vous disposez d'une misérable barque mais pas si vous avez un bateau. Vous voyez un peu le paradoxe », nous a expliqué une source sécuritaire.