Les déclarations des candidats aux primaires du parti de droite « Les Républicains » (LR) rasent la moquette. Après celle de Nicolas Sarkozy sur le « burkini », c'est au tour de François Fillon de faire dans la provocation et la stigmatisation. Paris/de notre correspondant Dimanche dernier, lors d'un rassemblement électoral organisé au nord est de Paris, l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy 2007-2012 a estimé que « la France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord », ajoutant aussi qu'elle (la France ndlr) n'a pas « inventé l'esclavage ». Plutôt connu pour ses déclarations tempérées en comparaison à Marine Le Pen ou Nicolas Sarkozy, la sortie de M. Fillon a surpris plus d'un et provoqué un malaise au sein de la classe politique française et des organisations de défense des droits de l'homme. Se sentant « blessé et concerné », le Conseil représentatif des associations noires de France, CRAN a vivement réagi aux propos de l'ancien premier ministre et appelé le président du parti les « Républicains » Laurent Wauquiez à le «suspendre immédiatement dudit parti ». Le Cran a condamné vigoureusement les propos de Fillon, les qualifiant de «révisionniste et d'odieux ». Tout en rappelant les épisodes douloureux qu'ont connu les peuples africains aux siècles derniers, telles la déportation en Amérique, l'esclavage et les travaux forcés qui ont causé la mort de millions de personnes, le Cran a bel précisé qu'il ne « s'agissait pas d'un partage de culture ». Reprochant au candidat de la primaire à droite de faire dans « l'apologie du crime contre l'humanité », le Conseil représentatif des associations noires de France a rafraichit la mémoire de M. Fillon, en rappelant que plus de « 400.000 algériens sont morts lors de la colonisation (l'Algérie évoque le chiffre d'un million et demi ndlr), 90.000 malgaches ont été tuées lors de ce que la France coloniale nommait « la guerre de pacification » en 1947, sans oublier les 70.000 morts au Cameroun et bien davantage dans d'autres pays d'Afrique et d'Amérique du nord. De son coté, le député socialiste de la réunion Serge Latchimy s'est dit avoir un « sentiment de pitié » face à ce qu'il considère comme étant une « régression morale et une « négation ignoble de l'histoire ». Dans un texte rendu public, il a précisé « qu'aucun bénéfice politicien ne saurait excuser la régression morale ou une ignoble négation de l'histoire. Rappelant le combat d'Aimé Césaire (écrivain et homme politique français né en 1913 et décédé en 2008) contre le colonialisme, le député de la Martinique a fait savoir que les déclarations de François Fillon « ont offensé des millions de personnes victimes de Traite d'esclavages, de génocides » et de colonialisme. Il a conclu sur un ton moqueur et perfide que « si la France n'a pas inventé l'esclavage, Hitler non plus n'a pas inventé les camps de concentration ». Connu pour son sens de la mesure et sa retenue, François Fillon a multiplié ces derniers jours les déclarations provocantes. Bas dans les sondages et inaudible, il cherche sans doute à attirer sur lui les projecteurs des médias et à se replacer dans la bataille électorale dominée par Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.