Cela fait trois ans que les habitants de Targa Ouzemour, Taghzouyth et Aïn Skhoun, des quartiers de la ville de Béjaïa, attendent l'amélioration de leur cadre de vie. Les associations et collectifs desdits quartiers ont, jusqu'à dimanche dernier, réussi à contenir la colère des citoyens avant que ces derniers ne décident d'organiser une marche vers le siège de la wilaya. Sur place, un sit-in a été tenu et la route fermée à la circulation automobile. Ils étaient plus d'un millier de personnes à exiger des autorités locales de concrétiser les promesses faites aux habitants, celles de les sortir du marasme qu'ils vivent quotidiennement. «3 ans de souffrance, barakat !», «Taghzouyth en a marre des fausses promesses», ont transcrit les manifestants sur des banderoles qu'ils ont brandies ou accrochées sur le portail de la wilaya. Les habitants revendiquent des droits élémentaires et des commodités pour vivre dignement : alimentation en eau potable, notamment des quartiers Aïn Skhoun et Ighil Ujilvane, le raccordement au réseau électrique des mêmes cités, l'assainissement, la réfection des routes, l'éclairage public, le nettoyage, et l'aménagement des oueds et le ramassage des ordures. Autant de problèmes qui dénotent de la «non-gestion de l'APC de Béjaïa». «Même les transporteurs ne desservent plus ces quartiers, mais ce n'est pas leur faute ! La chaussée est impraticable. Ils ont raison d'avoir peur pour leur matériel roulant, ce sont les autorités qui sont à blâmer pour ce laisser-aller», dit un protestataire. La venue du président de l'APC de Béjaïa, Hamid Merouani, n'a pas convaincu la plupart des contestataires qui criaient à l'endroit de ce dernier : «Vous êtes un menteur. Vous n'avez jamais mis les pieds dans nos quartiers en tant que premier responsable de la commune !» Le maire de Béjaïa, en dépit de sa tentative de calmer les esprits, réitère ses promesses au milieu d'une foule qui le huait. «C'est du déjà entendu. Nous voulons du concret !» rétorquent les manifestants. L'incapacité du maire à convaincre et les promesses non tenues du wali qui s'est déplacé dans cette partie de la ville ont poussé la population à perdre confiance en les autorités. «Ils doivent descendre de la planète sur laquelle ils vivent et venir voir ce qui se passe dans nos quartiers», crie l'un des citoyens. Et d'ajouter que «des travaux d'assainissement ont été entamés, mais l'entreprise s'est arrêtée au milieu du chantier, laissant derrière elle une route défoncée et des fosses dangereusement ouvertes». Un habitant de Taghzouith pointe du doigt «l'incompétence» et le manque de coordination entre les organismes de l'Etat. «Il me semble qu'il y a un programme de bitumage des routes et de bétonnage des ruelles, mais qui est suspendu puisque la Sonelgaz peine à installer ses réseaux sur certains tronçons. Du coup, ni les routes, ni le réseau de gaz naturel ne sont réalisés !» fulmine-t-il.