Les Palestiniens maintiennent constamment ouvert ce fameux ordre des négociations. Il demeure inchangé avec ses trois points, qui sont les territoires, avec des frontières telles que définies par les résolutions internationales, et non pas celles que fixera Israël, le retour des réfugiés palestiniens et celui des détenus palestiniens. C'est en ces termes que les Palestiniens interpellent la communauté internationale, particulièrement silencieuse et, en tout cas, frappée de paralysie à leur endroit, en lançant un mouvement de protestation dans les prisons israéliennes. Des grèves de la faim sont régulièrement observées afin de protester contre une immense injustice. Le fait d'être mis en prison sans la moindre raison et ensuite soumis à la loi israélienne applicable aux seuls Palestiniens exposés à la détention dite administrative, c'est-à-dire sans procès et sans limite dans le temps, et encore seuls à être jugés par des cours militaires, et aucun Palestinien n'en est à l'abri, même pas les enfants. Tout est là, et le monde semble détourner l'attention depuis bien longtemps. C'est en vertu de ce dispositif que les autorités israéliennes ont arrêté 6730 Palestiniens et rendu 950 ordonnances de détention administrative depuis octobre 2015. Parmi eux, 65 enfants palestiniens, et 18 qui ont été expulsés de leurs villes natales, durant la première moitié de 2016. Le Comité pour les prisonniers estime à 3445 le nombre de Palestiniens qui ont été arrêtés durant la première moitié de 2016, relevant que le taux d'arrestations des Palestiniens augmente de 50%, comparé à la même période de 2015. Il déclare aussi que ces chiffres comprennent 712 enfants et 102 femmes. C'est aussi au nom de cet arbitraire que 7000 Palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes, plus de 700 sont en détention sans procès ni inculpation. C'est la mobilisation collective dans les prisons qui a permis de lever le voile sur la situation que subissent les Palestiniens. Un cadre palestinien, qui se consacre à cette question, a récemment souligné que 2015 avait été une année d'intimidation et de torture brutale des enfants palestiniens et qu'Israël a torturé et maltraité 100% des enfants à El Qods. Il a ajouté que la loi sur la détention et le tabassage des enfants palestiniens n'avait pas été adoptée par Israël pour des raisons de sécurité mais pour détruire leur futur et leurs rêves. Selon d'autres statistiques jamais dévoilées jusque-là, les forces d'occupation ont enlevé et torturé près de 4000 Palestiniens, dont des parlementaires, des femmes, des enfants et des malades. Le nombre moyen d'arrestations chaque mois a été de 323, ce qui équivaut à environ 11 arrestations par jour. Depuis 1967, plus de 800 000 Palestiniens ont été emprisonnés par les autorités israéliennes. Presque toutes les familles palestiniennes ont des membres qui ont subi des peines d'emprisonnement. Une telle situation dure depuis des décennies, mais les Palestiniens n'ont jamais abdiqué. Ils maintiennent intacte leur mémoire et n'ont jamais renoncé à leurs droits, malgré un silence pesant de la communauté internationale qui refuse de se donner les moyens en vue de mettre fin à cette injustice, ou encore ce qu'un éminent spécialiste de la question palestinienne appelle le «démantèlement lent d'une solution possible et connue de tous par le seul jeu de la passivité et de l'inaction choisie». Voilà donc la dure réalité imposée aux Palestiniens. Elle dure depuis des décennies.