Décidément, les dieux de la politique sont contre Nicolas Sarkozy. A peine entré en campagne pour les primaires de son parti « Les Républicains » qui doivent désigner fin novembre le prochain candidat qui représentera la droite à l'élection présidentielle de 2017, M. Sarkozy est rattrapé par l'affaire « Bygmalion » relative au financement de sa campagne électorale de 2012. Paris/ de notre correspondant La justice française ne veut pas lâcher l'ancien président français. Elle lui reproche d'avoir maquillé ses comptes de campagne électorale en 2012 et dépassé le seuil autorisé de plus de 18 millions d'euros. Concrètement, l'équipe de campagne de M. Sarkozy avait mis en place un système de fausses factures pour imputer à l'UMP (ex parti de droite) quelques 18.5 millions d'euros de dépenses de meetings qui auraient du être comptabilisées dans la ligne de la campagne électorale. Les factures retrouvées lors d'une perquisition au siège de l'ex UMP auraient dû figurer dans le budget de campagne de Nicolas Sarkozy. Mais non, celles-ci portaient la mention de convention de l'UMP. Ce système de détournement déguisé de compte a été mis en place par une dizaine de personnes proches de l'ancien président français, dont son financier de la campagne. Ce dernier aurait même alerté Sarkozy des dépassements budgétaires, mais en vain. Lundi dernier, dans un document d'une centaine de pages, le réquisitoire du vice procureur de Paris a clairement chargé Nicolas Sarkozy. Il a noté qu'il était « le principal bénéficiaire » de cette opération et le « principal donateur d'ordre des événements de sa campagne électorale de 2012 ». L'homme aux plusieurs casseroles politiques Le parquet a suivi, en quelque sorte, les déclarations de Guillaume Lambert, l'ancien directeur de campagne de M. Sarkozy, qui a déjà révélé que Sarkozy « était le décideur final ». Aussi, selon le parquet, le dépassement du plafond a été « acté dès la troisième semaine de campagne », d'où la mise en place d'une vaste fraude aux fausses factures entre les responsables de Bygmalion et ceux de l'ex l'UMP. Objectif : mettre les dépenses sur le parti et non sur le compte de campagne. Cueilli à froid, l'ancien président français ne s'attendait pas à une nouvelle charge de la part de la justice. Cette dernière devrait le convoquer d'ici fin septembre ou début octobre, soit un mois à peine avant le premier tour des primaires. Selon son entourage, l'intéressé a accueilli avec « beaucoup de sérénité » la nouvelle, faisant même mine de maintenir son agenda politique et de vaquer à ses activités électorales comme si de rien n'était. Pourtant, l'inquiétude était perceptible chez les Sarkozystes. Ils évoquent un « complot » ourdi depuis l'Elysée et qui vise à l'éliminer de la course présidentielle. Son avocat parle « d'acharnement » judiciaire. Les casseroles politiques que trainent Nicolas Sarkozy semblent devenir de plus en plus lourdes à porter. François Fillon, son adversaire au sein des « Républicains », n'a pas hésité à sonner une violente charge contre lui. « Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs », a-t-il dit. « Il ne sert à rien de parler d'autorité quand on n'est pas soi-même irréprochable. Qui imagine un instant le général de Gaulle mis en examen ? » Une déclaration qui a déstabilisé M. Sarkozy. Il a immédiatement appelé à un acte de non agression entre tous les candidats aux primaires des « Républicains ».