Interpellé et incarcéré à la prison d'El Harrach le jour de l'expulsion des 16 familles habitant la RN1, à Birkhadem, depuis près d'un demi-siècle, le jeune Bendali Abderzak a failli finir en taule. Poursuivi pour le chef d'inculpation de rébellion, après le verdict rendu, hier, par le juge du tribunal de Bir Mourad Raïs, l'inculpé a écopé d'une année de prison avec sursis. A la fin de l'audience, le procureur de la République, a requis contre lui une année de prison ferme. Ainsi, M. Bendali, pour le seul tort d'avoir voulu repousser l'exécution de son expulsion du logement où il a vu le jour, a été jeté en prison. Cela au moment même où les familles, jetées de force dans la rue, il y a près d'une semaine, vivent toujours à la belle étoile aux alentours de l'immeuble qu'elles ont quitté précipitamment. Pis, depuis qu'elles sont dehors, aucun responsable, si l'on se fie aux propos de l'un des sinistrés, n'a daigné se rapprocher d'elles afin de prendre en charge leur cas ou, du moins, les rassurer d'un recasement. Ce qui fera dire à Me Chaïb Sadek, l'avocat de la défense de M. Bendali : « Où est l'assistante sociale ? Où sont les collectivités locales ? Ces familles ne méritent-elle pas d'être relogées ou du moins recasées dans un centre de transit en attendant leur relogement ? » Poursuivant : « Au lieu de trouver des solutions à ces familles, on les jette en prison. » Cela dit, le hic dans cette affaire, selon l'avocat, c'est le chef d'inculpation retenu contre son client, celui de la rébellion. Me Chaïb estime, en effet, que « si jamais il y a une entrave, normalement c'est à l'huissier chargé de l'exécution de la décision de justice relative à l'expulsion de ces familles de l'observer ou de la constater ». Dans le PV qui a été établi par la police le jour de l'expulsion, il a été retenu contre M. Bendali trois infractions : rébellion, trouble à l'ordre public et coups et blessures à l'encontre d'un agent de l'ordre, selon Me Chaïb. Cependant, lors de la présentation de l'inculpé devant le tribunal de Bir Mourad Raïs, le procureur a jugé poursuivre le prévenu pour rébellion. Le procureur a écarté les faits de trouble à l'ordre public et violence parce que les éléments ne sont pas retenus. L'agent de l'ordre qui a reçu des coups et blessures n'a pas jugé utile de se faire établir un certificat médical par un médecin légiste, car il ne voulait pas déposer plainte contre M. Bendali. Alors que le procureur, contrairement à l'agent, a jugé utile de poursuivre M. Bendali pour rébellion, selon Me Chaïb. Un chef d'inculpation que récuse l'avocat d'autant plus que la rébellion, selon lui, « n'est pas établie, car l'expulsion est adressée contre le père de mon client ». Il est à noter enfin que l'agent, signalé dans le PV de la police comme étant victime de coups et blessures, a été cité à la barre mais absent. Son absence a été justifiée par le fait que le chef d'inculpation retenu pour l'inculpé est la rébellion.