Une semaine après l'exécution de la décision d'expulsion à l'encontre des 16 familles de la RN1 à Birkhadem, un des locataires, le jeune Bendali Azzeddine (23 ans), a écopé d'une année de prison avec sursis. Il est accusé de rébellion. Son avocat crie à l'injustice. Les traits tirés, une barbe de plusieurs jours, un homme au regard lointain est adossé au mur du tribunal de Bir Mourad- Raïs qui connaît, en cette matinée de dimanche, une animation particulière. Lui, c'est le père du jeune Azzeddine Bendali incarcéré à la prison d'El-Harrach depuis mardi dernier. Des voisins venus le soutenir dans cette malheureuse circonstance l'informent de notre présence. Il nous apprend que la nouvelle de l'arrestation de son fils a eu sur lui l'effet d'une douche écossaise. C'est par la presse qu'il a été mis au courant de ce qui s'est passé. “Je travaille à Aïn Aménas dans l'entreprise TARSI spécialisée dans le montage et l'équipement industriels. Nous ne recevons pas les journaux régulièrement. C'est en lisant Liberté et certains autres titres que j'ai su que quelque chose de grave venait de se passer. Ce n'est qu'hier que j'ai constitué un avocat”, dit-il. De cette affaire, il se dit dépité et déçu par la justice qui n'a pas tenu compte des circonstances atténuantes. “Mon fils n'a fait que réagir face à la force publique venue le déloger lui et sa famille de la maison où il a vu le jour. Sa sœur a été piétinée sous ses yeux puis injuriée par la police. Lui-même a reçu des coups. C'est normal qu'il ait réagi de la sorte en jetant une pierre sur un agent du groupe d'intervention”. M. Bendali Mohamed parle de ses enfants qu'il a élevés dans la décence en trimant dans tous les coins du pays. “C'est vrai que j'ai été souvent éloigné de ma famille pour gagner ma vie, mais mes enfants ne sont pas des voyous. Dieu merci, on a toujours vécu sans tendre la main à qui que ce soit. Aujourd'hui je ne comprends pas comment on accuse mon fils de rébellion. C'est inadmissible car j'aurais fait pire que lui”. Me Chaïb : “Où est la justice ?” Il est 10h30 dans la salle des pas perdus. Me Chaïb, chargé de défendre le jeune Azzeddine Bendali, enfile rapidement sa robe. Après les présentations, la question qui s'imposait été de savoir de quoi il s'agissait dans cette affaire. Contrairement à ce que l'on pouvait croire, son client n'est pas accusé de coups et blessures sur un policier dans l'exercice de ses fonctions mais plutôt de rébellion. Le mot est lâché. “Le motif coups et blessures n'est pas retenu pour la bonne et simple raison que le concerné (le policier) n'a pas déposé plainte contre cela. La victime du jet de pierre n'a pas jugé utile de déposer plainte. Mon client est accusé de rébellion. C'est de l'intimidation”. Il expliquera que l'arrestation du jeune Bendali avait pour but de freiner l'élan des expulsés qui tentaient de revenir chez eux. L'on saura que Azzeddine Bendali, apprenti boulanger de son état, est malade. “Il perd ses cheveux”, dira son avocat. Interrogé sur la qualification de la sanction Me Chaib précisera “qu'on ne peut parler de troubles à l'ordre public. Le jeune Bendali n'a fait que réagir face à une violation de domicile. C'est là qu'il est né, il ne peut admettre d'être délogé”. Dans le même ordre d'idées, il se dira étonné de voir le policier victime venir devant la barre pour témoigner. “On ne peut citer une personne qui n'est pas partie prenante dans l'affaire”. Pour l'avocat, ce chef d'inculpation n'a pas lieu d'être, tout comme l'expulsion qui a une connotation d'arbitraire. “C'est bien d'appliquer des décisions de justice à condition de les faire suivre de mesures d'accompagnement. Où est la wilaya ? Où est l'APC ? Où est la justice ? Au lieu de régler les problèmes des citoyens, on les jette en prison !” conclut-il. Durant le procès, l'avocat de la défense a axé son réquisitoire sur l'absence de mobile ayant entraîné “la rébellion”. Le procureur requiert une année de prison ferme à l'encontre de Bendali Azeddine. Après délibérations, le verdict est tombé : une année de prison avec sursis. Les familles attendent les promesses de Cosider et de l'APC Juste après l'exécution de l'expulsion, M. Bourahla, responsable de la planification à Cosider, a déclaré que son entreprise serait prête à mettre des chalets au profit des familles expulsées à condition que l'APC dégage une assiette de terrain à cet effet. À l'APC de Birkhadem, M. Saadoun, vice-président, avait en notre présence accepté l'idée de Cosider. Il aurait même, selon les familles expulsées, fait la promesse de dégager un terrain dès le retour du maire de son congé. Très bonne initiative ! A. F.