Le programme nucléaire militaire nord-coréen avance à un rythme soutenu. La preuve : Pyongyang a procédé hier au 5e essai de son histoire. Il s'agit également du plus puissant jamais effectué par ce pays considéré comme étant le plus fermé au monde. De quoi faire trembler toute la région, surtout que lundi, il avait déjà lancé trois missiles balistiques, alors que se tenait en Chine un sommet du G20. Le régime du dictateur nord-coréen Kim Jong-un a franchi un nouveau palier dans la provocation. Pour célébrer le 68e anniversaire de la fondation, le 9 septembre 1948, de la Corée du Nord, il a fait procéder hier à un cinquième essai nucléaire qui a déclenché un séisme de magnitude 5,3 sur l'échelle de Richter. L'information a été confirmée par Pyongyang himself à grand renfort de publicité sur sa télévision, histoire de narguer l'Occident. «Nos scientifiques nucléaires ont mené un essai d'explosion nucléaire d'une tête nucléaire nouvellement mise au point, sur le site d'essais nucléaires dans le nord du pays», a déclaré une présentatrice à la télévision officielle nord-coréenne. «Notre (...) parti a envoyé un message de félicitations à nos scientifiques nucléaires (...) pour avoir mené un essai d'explosion réussi d'une tête nucléaire», a-t-elle ajouté. Ce test ne manquera pas d'aggraver les tensions déjà fortes sur la péninsule coréenne, surtout que, à en croire les médias nord-coréens, «il s'agit de l'essai d'un nouveau type de tête nucléaire standardisée de façon à pouvoir être montée sur des missiles balistiques stratégiques». Et des missiles balistiques, Pyongyang en a qui peuvent atteindre 6000 km. De quoi faire trembler toute l'Asie et même au-delà. Ce n'est pas tout. Selon la Corée du Sud, cet essai nucléaire est «le plus puissant» jamais réalisé à ce jour par la Corée du Nord. «Cette explosion de 10 kilotonnes était presque deux fois plus que le quatrième essai nucléaire et légèrement moins que le bombardement d'Hiroshima, qui avait été mesuré à 15 kilotonnes environ», a expliqué Kim Nam-Wook, de l'agence météorologique sud-coréenne. Condamnations unanimes Aussi, dès l'annonce de l'essai nucléaire, les réactions et les condamnations sont tombées en cascade. Première à réagir, la présidente sud-coréenne, Park Geun-hye, a dénoncé avec véhémence un essai nucléaire mené au mépris des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et de la communauté internationale. Ce cinquième essai atomique témoigne de «l'inconscience maniaque» de Kim Jong-un, le leader de la Corée du Nord, a ajouté la chef d'Etat. A Séoul, le gouvernement a convoqué une réunion d'urgence du Conseil de sécurité nationale. Le Japon, l'autre voisin immédiat de la Corée du Nord qui a souffert de l'horreur nucléaire, a fait savoir que cet essai réalisé hier par la Corée du Nord est «absolument inacceptable». Même la Chine, proche alliée de Pyongyang dans la région, a fait part immédiatement de sa «ferme» opposition à l'essai nucléaire. «Nous appelons énergiquement la Corée du Nord à honorer ses engagements en matière de dénucléarisation, à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU en la matière et à s'abstenir de toute action susceptible de détériorer la situation», a ajouté le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué. Les menaces d'Obama Le texte a appelé également à résoudre le différend via les pourparlers à six, un processus au point mort depuis longtemps entre les deux Corées, la Russie, la Chine, le Japon et les Etats-Unis. La communauté internationale compte beaucoup sur la Chine pour ramener Pyongyang à de meilleurs sentiments. Mais le veut-elle vraiment sachant qu'elle se sert de la Corée du Nord comme rempart contre les Etats-Unis ? Et puis a-t-elle réellement les moyens de discipliner son turbulent voisin ? La Corée du Nord n'est sensible ni à la politique du bâton ni à celle de la carotte. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, ont également exprimé hier leur préoccupation après l'essai nucléaire nord-coréen et annoncé qu'ils allaient saisir les Nations unies. S'adressant aux journalistes, juste avant le début des négociations sur la Syrie à Genève, John Kerry a affirmé avoir également parlé avec le Japon et la Corée du Sud et avoir eu une «conversation sérieuse» sur cet essai. Le président américain, Barack Obama, a prévenu qu'il y aurait des «conséquences graves». «Le régime de Kim Jong-un ne fera que s'attirer davantage de sanctions et d'isolement (...). Une telle provocation va accélérer encore la voie vers son autodestruction», a-t-il indiqué. Le Conseil de sécurité des Nations unies devait se réunir hier à la demande des Etats-Unis et du Japon pour discuter du dossier nord-coréen. Il est à prévoir que Pyongyang sera soumis à un nouveau régime de sanctions. En raison de ses ambitions nucléaires et balistiques, la Corée du Nord est déjà sous le coup de dures sanctions. Depuis son premier essai nucléaire de 2006, Pyongyang a essuyé cinq batteries de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU. Malgré cela, Kim Jong-un refuse d'obtempérer.