L'Algérie qui approvisionne déjà Cuba en pétrole compte renforcer ses livraisons pour compenser le déficit engendré par la baisse du volume des ventes en provenance du Venezuela, rapporte l'agence Reuters, citant une source proche du dossier. La compagnie publique Sonatrach devrait livrer en octobre prochain au total 80 000 tonnes de brut, soit 515 000 barils de pétrole à Cuba, a précisé la même source, notant qu'il pourrait y avoir une autre cargaison au mois de novembre ou de décembre prochains. Jusqu'à hier, le groupe algérien n'avait pas encore confirmé ces informations. Même si l'effondrement des prix mondiaux du pétrole a miné l'économie du Venezuela, la compagnie publique PDVSA aurait joué le rôle de médiateur dans la vente du brut algérien à Cienfuegos, une raffinerie cubaine dans laquelle elle détient une participation de 49%. Partenaires traditionnels, Cuba et l'Algérie ont maintenu une relation étroite au cours des dernières années. La grande île caribéenne importe chaque année quelque 200 à 300 millions de dollars de produits pétroliers en provenance de l'Algérie, y compris certains achats de Naphta. Toutefois, Cuba est dépendante presque exclusivement du Venezuela, partenaire privilégié englué lui aussi dans une grave crise économique et politique pour ses approvisionnements de brut à travers un programme d'assistance de 15 ans que Caracas a du mal à maintenir. En juillet, le président Raul Castro a confirmé les rumeurs insistantes sur la baisse des livraisons du Venezuela. Selon les experts, la baisse des livraisons vénézuéliennes pourrait s'élever à 30 ou 40% des quelque 100 000 barils quotidiens livrés par Caracas à La Havane depuis plus de 10 ans. Première conséquence : la croissance au 1er semestre n'a été que de 1% sur l'île, la moitié de ce qui était prévu. Certains économistes redoutent déjà le spectre de la récession à l'horizon 2017-2018. Cuba, dont l'économie est déjà affectée par la chute des prix des matières premières, produit 45% de ses besoins en pétrole, un brut lourd qui sert essentiellement à produire de l'électricité et des produits dérivés. Depuis la baisse des prix sur les marchés internationaux, la prospection offshore a sérieusement ralenti dans le Golfe du Mexique. Redoutant la pénurie, l'Etat cubain a imposé aux entités d'Etat non productrices de biens de se serrer la ceinture dès juillet avec une réduction drastique de 50% de leur consommation de carburant et d'électricité. En quête de nouvelles voies d'approvisionnement, La Havane a également pris des contacts avec l'Iran et la Russie. Selon l'agence russe Interfax, Raul Castro aurait également demandé de l'aide à son homologue russe Vladimir Poutine, et d'éventuelles livraisons de pétrole ont aussi été évoquées lors de la récente visite sur l'île du chef de la diplomatie iranienne Javad Zarif. Ces efforts diplomatiques n'ont pas encore produit de résultats concluants.