Si l'écrasante majorité des ressortissants syriens vivant en Algérie comptent sur leurs propres ressources pour subvenir à leurs besoins, une partie de ceux qui ont fui les affres de la guerre qui dévaste le Levant, et qui sont dans la précarité la plus totale, peuvent compter sur l'aide précieuse du Croissant-Rouge algérien (CRA). «Nous leur apportons toute l'assistance humanitaire nécessaire», nous a déclaré Saïda Benhabilès, présidente du CRA, jointe par téléphone. «Nous avons mis deux centres d'accueil à leur disposition. Il y a celui de Sidi Fredj qui compte 70 familles, et il y a un autre centre, situé à Heuraoua (daïra de Rouiba, ndlr) réservé aux jeunes célibataires. Dans les autres wilayas, nous essayons dans la mesure du possible de les aider en leur louant un logement ou une chambre d'hôtel», ajoute la présidente du CRA. «Nous attendons de réceptionner de nouveaux chalets financés par nos sponsors.» «Nous œuvrons pour améliorer leurs conditions d'accueil», insiste l'ancienne ministre de la Solidarité. L'assistance du Croissant-Rouge algérien ne se limite pas uniquement à l'hébergement mais s'étend aussi à la restauration et à la scolarisation. «Nous leur prodiguons une prise en charge alimentaire totale. Nous leur assurons également les fournitures scolaires. Sur instruction des plus hautes autorités du pays, et afin de préserver l'avenir des jeunes réfugiés, leur scolarité est garantie par l'Etat. Pour l'inscription scolaire, il suffit juste d'une déclaration sur l'honneur du chef de famille attestant du niveau scolaire de l'élève.» Mme Benhabilès nous a fait part également de son attachement à tisser des liens entre les personnes hébergées dans les centres du Croissant-Rouge : «Nous essayons de créer une ambiance familiale, nous participons à leurs fêtes religieuses, qu'elles soient musulmanes ou chrétiennes», témoigne-t-elle. Saïda Benhabilès souligne que l'assistance prodiguée par ses services ne tient pas compte du statut de la personne qui vient frapper à la porte du Croissant-Rouge algérien même si, précise-t-elle, «nous respectons les lois du pays». «Moi, j'interviens sur le plan humanitaire, je ne regarde pas le statut de ces personnes», martèle l'ancienne ministre. «Nous le faisons sans distinction de religion, de couleur, de race ni de sexe.» Evoquant le profil des bénéficiaires de l'assistance du CRA en provenance de Syrie, Mme Benhabilès affirme que parmi eux, «il y a des Syriens d'origine palestinienne. Parfois, l'ambassade de Palestine nous envoie des familles palestiniennes qui vivaient en Syrie. Il y a aussi des familles algériennes revenues de Syrie et qui sont en difficulté.» Pour accéder aux centres d'hébergement du CRA, Saïda Benhabilès explique : «Il suffit juste d'apporter une pièce d'identité avec le cachet d'entrée sur le territoire national. On fait une photocopie du passeport et on examine la situation de l'intéressé. La priorité est accordée aux personnes en difficulté. On vérifie d'où elles viennent et on leur donne un chalet.» La présidente du CRA assure que les personnes hébergées au niveau de ces centres «peuvent rester autant de temps qu'elles veulent. Certains sont là depuis cinq ans, personne ne les a mis dehors. Il est de notre devoir de les aider.» Malgré cette sollicitude, force est de constater que les Syriens venus trouver refuge en Algérie sont loin de se ruer vers les centres d'accueil mis à leur disposition. Saïda Benhabilès fera remarquer à ce propos : «Il faut dire que la plupart d'entre eux sont issus des classes moyennes.» «Ils ont réussi à s'intégrer au sein de la société algérienne», appuie-t-elle, en soulignant l'importance des liens historiques et culturels qui ont certainement favorisé, selon elle, cette intégration.