L'arrestation, jeudi dernier, en France, du chanteur algérien cheb Mami cache mal l'empressement des autorités judiciaires françaises à vouloir porter atteinte à l'image d'une icône de la jeunesse algérienne, mais aussi un proche ami du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Cette thèse a été corroborée, hier, par l'avocat-conseiller d'El Watan, contacté par nos soins. Juridiquement parlant, cheb Mami est innocent en vertu du principe de la présomption d'innocence. Si les accusations portées contre lui par son ancienne compagne étaient fondées, le chanteur aurait dû passer en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Bobigny et non en situation d'instruction qui a mené à sa mise en examen. C'est la preuve d'un doute majeur sur sa culpabilité dans l'esprit du juge d'instruction. Aussi, la campagne médiatique orchestrée, présentant le chanteur comme d'ores et déjà coupable, ne vise ni plus ni moins qu'à nuire à l'aura d'un artiste qui s'apprête à lancer la promotion de son dernier album Layali et conquérir l'Europe et le Moyen-Orient. Notre consultant souligne que seules des preuves tangibles pourront justifier l'action judiciaire de l'ancienne compagne de cheb Mami. Il est utile, à ce propos, de relever le contexte dans lequel s'est effectuée l'action judiciaire de cette femme et qui intervient une année après les faits imputés et quatre mois après le mariage de cheb Mami, tandis que la mise en examen au tribunal de Bobigny (région parisienne) s'est faite à la veille de la sortie de l'album Layali. Une série de coïncidences qui pourrait véhiculer des relents politiques, connaissant la bonne place dont jouit le prince du raï auprès de la jeunesse émigrée, notamment celle des banlieues. Dans ce contexte, il convient de rappeler que cheb Mami a été le premier à être au chevet de Bouteflika lorsqu'il a été hospitalisé à Paris. Le premier, également, à rassurer le peuple algérien de la bonne santé du chef de l'Etat. Ainsi, les positions fermes du président Bouteflika vis-à-vis de la France, dont il exige une repentance solennelle des crimes coloniaux commis en Algérie, ne peuvent qu'accentuer l'acharnement des autorités judiciaires à l'encontre du prince du raï. Pour la presse française, qui outrepasse les normes de retenue et de mesure, sa campagne s'apparente au bruit des concierges en essayant d'influer sur le déroulement de l'instruction, car, jusqu'à preuve du contraire, cheb Mami est innoncent.