Opposants et défenseurs du projet se sont croisés, hier, dans deux rassemblements dangereusement opposés et où les slogans se sont entrechoqués sous l'œil vigilant et discret du chef adjoint de la Sûreté de wilaya dont le déplacement à Amizour appuie, si besoin est, le caractère exceptionnel de cette double manifestation. Jamais pareil dossier n'a suscité autant de remous et de rebondissements. Plus de 200 personnes se sont rassemblées devant le siège de l'APC, dès 9h, brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Non à Alexo » et « Soutien total à l'APC », et « Protégez notre santé », allusion faite à l'impact négatif que pourrait avoir l'usine sur l'environnement. Un argument que réfutent les responsables de l'unité. En face, la mobilisation des défenseurs est trois fois inférieure en nombre, mais plus frappante par des banderoles réclamant la « Révision du POS et du PDAU », « L'exécution de la décision de justice et la remise en l'état du branchement de gaz » de l'unité, et cette autre qui tente de relever une « Politique de deux poids deux mesures » : « Vous avez enfreint le POS pour une maison cantonnière et vous évoquez le même POS pour bloquer un projet d'importance nationale », lit-on encore. Au-delà de l'aspect environnemental, le problème est dans le POS. La banderole invite ainsi à comprendre qu'une construction de la DTP est autorisée sans conformité avec cet outil d'urbanisme que l'on demande à adapter au projet Alexo. La banderole est imposante, comme celle qui plaide pour « la lutte contre le chômage ». Celle-ci finira en cendres. Un groupe de jeunes manifestants pro-APC a réussi à y mettre le feu dans un rituel qui rappelle douloureusement les événements déclenchés dans la région après l'interpellation de trois collégiens dans la ville. « Si l'Etat existait vraiment, nous ne serions pas arrivés à cette confrontation entre citoyens de la même ville », hurle, désolé, un manifestant opposé au projet. Dans l'autre camp, on réplique que « les jeunes ont besoin de travailler, de se marier… ». La tension est vive et perceptible dans la joute oratoire engagée entre les deux parties et où le ton monte et les mains s'agitent nerveusement. Des policiers en civil sont sur le qui-vive, prêts à parer à un quelconque débordement. A la tête du groupe des défenseurs d'Alexo, le chef du projet, M. Bouzidi, réclame un tête-à-tête avec le P/APC. Celui-ci, qui s'appuie sur le soutien d'une trentaine d'associations, improvise une prise de parole sur le parvis du siège de l'APC, en compagnie de la majorité des autres élus qui maintiennent leur opposition au projet malgré les positions contradictoires de leurs partis. Seule la position du FFS est en accord avec celle de son élu, Abderrahmane Zenati. Le FLN et le MEN ont rendu publiques deux déclarations distinctes défendant Alexo. « Je suis solidaire avec l'APC », a déclaré l'élu FLN, Benaï Bachir, vice-P/APC qui considère le communiqué signé par la kasma locale l'oeuvre d'un « semblant d'assemblée ». Une détermination que partagent aussi les élus du MEN et l'élu indépendant. Le risque pour les élus partisans est pourtant le même qu'ont eu à subir les quatre élus du RCD dont la suspension a été signée par deux secrétaires nationaux. « Une erreur et une décision incompréhensibles », estime le P/APC, Méziane Belkacem, lors d'un point de presse improvisé dans son bureau avant de recevoir des mains de M. Bouzidi une plate-forme de revendications remise, aussi, à l'issue d'une marche, hier, au chef de daïra. Le document est issu d'une rencontre initiée par une association nouveau-née et regroupant « mouvement associatif et opérateurs économiques » représentés par un peu plus de 40 signatures, dont des agents d'Alexo, une poignée de travailleurs de la briqueterie NBS (à l'arrêt), deux « opérateurs » et des représentants de quelques associations.