Seuls les commerçants des artères principales ont baissé rideau, sans doute par crainte de représailles. La grève générale et l'organisation de sit-in devant les brigades de gendarmerie, auxquelles a appelé la coordination interwilayas, ont été hier diversement suivies dans les principales localités de la wilaya de Béjaïa, qui ont vécu au rythme des émeutes pour certaines, et de sérénité pour d'autres. Contrairement aux mots d'ordre de grève précédent, celui d'hier n'a pas eu l'adhésion populaire habituelle. En effet, les citoyens de certaines localités ont fait comme si de rien n'était, en vaquant à leurs occupations le plus normalement du monde. Comme ce fut le cas, notamment, à El-Kseur où le mot d'ordre n'a pas été appuyé par le comité local, qui se démarque ainsi, et pour la première fois, des actions collectives de l'interwilayas. Cette localité vit au rythme de la colère, suite au refus opposé par le procureur du tribunal de Béjaïa à la demande de libération provisoire des détenus introduite par le collectif des avocats. Une colère qui a fini par s'exacerber en donnant lieu à des émeutes dans la soirée de lundi à hauteur du commissariat de cette ville qui a, retrouvé, hier, le calme. Le marché de la ville de Sidi Aïch s'est tenu sans connaître, toutefois, l'effervescence habituelle. Les sit-in programmés devant les brigades de gendarmerie ont, dans quatre localités, tourné en affrontements avec les gendarmes. A Sidi Aïch, Akbou, Adekar, Souk El-Thenine et Amizour, les troubles ont éclaté dès les premiers moments des rassemblements devant les brigades de gendarmerie locales. D'autres coordinations, soucieuses de la sérénité des citoyens, ont préféré, à la place des sit-in, l'animation de meetings populaires loin des édifices de gendarmerie. «C'est pour justement éviter les affrontements», nous a affirmé le délégué d'Ouzellaguen à l'issue d'un meeting qui a drainé une foule nombreuse et au cours duquel les délégués de la CICB ont rendu hommage aux martyrs du printemps noir, rappelé le caractère pacifique du mouvement citoyen, en invitant la population à plus de vigilance et à rester mobilisée. S'agissant de la dernière invitation du Président de la République, les intervenants n'ont pas dérogé à la règle en réaffirmant leur refus de tout contact, arguant que la plate-forme d'El-Kseur explicitée parle d'elle-même. Dans la localité d'Akfadou, les affrontements ont été évités de justesse. L'intervention des délégués communaux, à l'issue du meeting tenu à quelques mètres de la brigade de gendarmerie locale, a permis d'«éviter le pire» pour reprendre ce citoyen inquiet. Au cours de la prise de parole, les intervenants ont réaffirmé le caractère non négociable des revendications de la plate-forme d'El-Kseur. A Béjaïa, seuls les commerçants des artères principales ont baissé rideau, sans doute par crainte de représailles. Les unités économiques et les administrations ont activé normalement en gardant, toutefois, les portails fermés. Le sit-in devant la brigade de gendarmerie n'a pas drainé beaucoup de monde et s'est déroulé sans heurts.