Le prix élevé de la pomme de terre commence à prendre l'allure d'une affaire nationale. Le ministère de l'Agriculture assure que la production est assez suffisante, voire excédentaire, pour répondre aux besoins de consommation des Algériens et jette l'anathème sur les spéculateurs qui seraient à l'origine de la flambée des prix de ce tubercule qui devient bien précieux. Selon le département du docteur Saïd Barkat, la situation devrait décanter avec la mise sur le marché de la récolte de l'arrière- saison, qui devrait intervenir vers la première quinzaine du mois de novembre. Or, certains professionnels de la filière ne partagent pas l'optimisme du ministère. Il en est ainsi du représentant de la Société de développement agricole (Sodea), filiale du groupe Hasnaoui, qui affirme que si le prix de la pomme de terre, qui est un légume de large consommation, a enregistré une hausse substantielle ses derniers mois, c'est tout simplement en raison de la faible production. La logique du marché est donc respectée, si l'on s'en tient à ses dires. « La demande est plus importante que l'offre. Il est donc tout à fait naturel que le prix augmente », explique-t-il. « Les officiels parlent de spéculation et de stockage sous froid. Pourtant, il y a eu des commissions mixtes au niveau de chacune des wilayas productrices de pomme de terre, tels Mascara, Aïn Defla, El Oued et d'autres zones potentielles où il n'y a rien de stocké. Les commissions de contrôle mixtes n'ont rien trouvé dans les frigos. Donc, où se trouve cette pomme de terre, si réellement elle existait », s'interroge ce représentant de cette entreprise qui s'est lancé dans la production de la pomme de terre de semence. Il a signalé qu'une pénurie en matière de pomme de terre de semence est également à l'origine de cet état de fait. « La qualité de la semence importée n'est pas celle que l'Algérie utilise habituellement. Il y eut une pression de la demande à un moment donné où les prix étaient élevés. Les agriculteurs qui n'avaient pas les moyens n'ont pas pu s'approvisionner et ont abandonné cette culture. Aussi, la production était réduite », a-t-il souligné. Selon un autre responsable de la Sodea, les prix de la semence de pomme de terre ont atteint les 9000 DA le quintal, alors que d'habitude ils varient entre 4000 et 7000 DA le quintal. Pour lui, il faut attendre la production de l'arrière-saison dans une quinzaine de jours pour espérer un fléchissement des prix. Les agriculteurs pourraient, cependant, ne pas faire la récolte afin de maintenir les prix élevés et en tirer les dividendes, la variété utilisée n'étant pas stockable dans les chambres froides, a-t-il averti. La Sodea a conclu un partenariat avec une entreprise australienne pour la production de la pomme de terre de semence. Elle espère ainsi réduire de 40 à 50% la quantité importée, estimée à environ 120 000 t. L'Algérie produit actuellement environ 80 000 t de pommes de terre de semence. « Avec seulement 4000 ha de pomme de terre de semence, on pourra couvrir une bonne partie des besoins de l'Algérie en la matière », a assuré l'un des représentants de la Sodea qui vise à réaliser un tel objectif dans cinq ans. Selon le ministère de l'Agriculture, l'Algérie est le premier producteur en Afrique et dans le monde arabe de pomme de terre avec une production de 21,5 millions de quintaux en 2006. L'Algérien consomme en moyenne 60 kilos/an.