Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, n'a pas été du tout tendre, ce jeudi, avec son collègue du département du commerce, en l'occurrence M. Djaâboub. Cette fois-ci, M. Barkat s'en est bien défendu, face aux députés qui l'interrogeaient sur la flambée du prix de la pomme de terre depuis octobre dernier. Avec une certaine assurance et pour mettre fin à toutes les critiques que son secteur subit depuis le mois de Ramadhan, M. Barkat précisera que son département n'est pas responsable de la régulation du marché des fruits et légumes, mais il est responsable essentiellement de la production agricole. Dans ce sillage, le représentant du gouvernement a insisté sur le fait, manière de contredire certains cercles, que depuis le mois de novembre, la production nationale de la pomme de terre a doublé. Elle est, de son avis, assez suffisante, voire excédentaire, pour répondre aux besoins de consommation des Algériens. Ce qui implique, en somme, que l'Algérie n'a pas besoin de recourir à l'importation de la pomme de terre. Toutefois, dira-t-il, si aujourd'hui ce légume le plus consommé par la société algérienne coûte cher, il ne faut nullement incriminer son département. D'après lui, en l'an 2000, seulement cinq wilayas produisaient la pomme de terre, aujourd'hui elles sont 17 à y produire ce légume. C'est un point des plus positifs. « Si les gens monopolisent le marché, il existe normalement une institution qui devrait prendre en charge cette situation. Je n'ai pas pour vocation de contrôler le marché... la régulation du marché, la répression du monopole et le contrôle des chambres frigorifiques incombent aux services du ministère du Commerce », affirmera-t-il en faisant remarquer que même s'ils travaillent dans un même gouvernement « chacun doit assumer ses responsabilités. La pomme de terre ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt », a-t-il lancé. Faut-il rappeler que M. Barkat avait déjà annoncé et ce, juste à la fin du mois de Ramadhan, que le prix de la pomme de terre allait baisser systématiquement et ce, grâce à la nouvelle production qui va arriver et qui va couvrir le marché dans son ensemble. La nouvelle production a été effectivement mise sur le marché, mais malheureusement, le prix de la pomme de terre n'a pas été revu à la baisse... C'est justement cet élément qui a fait sortir M. Barkat de ses gonds. Le « monopole sauvage » En outre, celui-ci a confirmé l'existence des intermédiaires sans scrupule qui exercent le « monopole sauvage ». Dans ce contexte, l'orateur a indiqué que la lutte contre ce phénomène passe par la mise en place de mécanismes de stockage en cas de forte production, afin de réguler le marché en temps de pénurie. Tout en excluant le recours à l'importation de la pomme de terre, M. Barkat a justifié cette démarche par le fait que le prix de la pomme de terre importée est exubérant, notamment sur le marché européen où il varie entre 2,5 à 3 euros le kg, soit 250 à 300 DA. « Nous ne pouvons pas importer la pomme de terre car nous ne sommes pas dans le besoin. Le comble est que nous sommes en train d'exporter ce produit alors que le marché n'est pas régulé. Ce n'est pas normal », dira-t-il. D'autre part, M. Barkat a tenu à préciser qu'en plus des deux facteurs à l'origine de la hausse des prix de la pomme de terre, à savoir le manque de marchés de gros et de proximité à travers le territoire national, la hausse est due également au caractère saisonnier de ce produit. Le ministre estime que cette période n'est pas la saison de la récolte de la pomme de terre, tout en mettant en exergue le fait que la situation actuelle diffère beaucoup de celle des années 1990 où l'Algérie avait connu plusieurs pénuries. Par ailleurs, et à la question de savoir si l'Algérie n'est pas réellement exposée au risque de sécheresse, M. Barkat répondra que des dispositions appropriées ont été mises en place afin de pallier cette éventualité. Il précisera que le plan national de développement agricole, mis en œuvre depuis plus de cinq ans, avait été élaboré en tenant compte des conditions climatiques marquées par une période de sécheresse qui dure, en Algérie, depuis trente ans. « Le retard des chutes de pluie n'affectera pas la production agricole puisque les ressources hydriques actuelles sont largement suffisantes », a indiqué le ministre de l'Agriculture.