Les étudiants ont faim», murmurait-on dans les couloirs lors des assises nationales sur le système LMD tenues l'année dernière. Un constat embarrassant qui vient s'ajouter aux problématiques de la gestion des œuvres universitaires en Algérie. La cause n'est un secret pour personne. Entre gabegie, anarchie et corruption, l'étudiant demeure la victime. Le ministre de l'Enseignement supérieur, Tahar Hadjar, évoque, pour la première fois depuis l'indépendance, la possibilité du désengagement de l'Etat de la gestion des œuvres universitaires pour aller vers le soutien direct de l'étudiant. Un pari difficile étant donné la situation économique du pays et l'épuisement des ressources financières. Une réforme audacieuse qui n'a pas – pour l'instant – viré à la polémique, étant donné les réactions mitigées et timides des associations estudiantines «satellitaires» proches des partis au pouvoir, surtout à l'approche des législatives de 2017. Car en réalité, en catimini et loin des regards, un travail de lobbying intense a lieu en ce moment pour définir les contours de ce projet initié par les pouvoirs publics. A qui reviendra la gestion exclusive des œuvres et au profit de qui ? Quel rôle à venir pour les comités estudiantins au sein des cités U ? Car il y a beaucoup à boire et à manger dans ce grand marché public qu'est la restauration universitaire. Corruption, dilapidation des deniers publics, mauvaises prestations et nonchalance caractérisent ce secteur. Et aucun contrôle, que ce soit en amont ou en aval, n'est effectué, accentuant ainsi le marasme dans lequel baignent les étudiants. Ils boudent les réfectoires et les resto U à cause de la malbouffe, des risques d'intoxication, de l'hygiène qui fait tellement défaut. Ajouté à cela l'excès de zèle de certains agents censés servir les étudiants... L'année dernière, la Cour des compte s'est interrogée sur le montant hallucinant octroyé à une seule association estudiantine, en l'occurrence l'Onea, 211 579 840 DA et une enveloppe de 2 240 000 DA allouée par le ministère de la Solidarité nationale. La conclusion est sans appel : les sommes dont a bénéficié cette association ont été dilapidées sans contrôle. Certains directeurs des œuvres universitaires se plaignent de l'immixtion de ces associations dans le choix des fournisseurs, voire dans la distribution des portions, profitant ainsi de leur proximité avec le pouvoir et de l'impunité qu'il leur procure, au nom de la démocratie débridée. Il est donc plus qu'urgent de revoir la gestion des aides octroyées aux étudiants, loin du populisme, selon une grille et des paramètres équitables, bien définis, en prenant en compte la situation de chaque étudiant, qu'il soit résident ou non. Car la rationalisation des dépenses ne devrait pas exclure certains au profit d'autres. L'exemple existe pourtant et il est réussi ; bien que le marché ait été octroyé à une entreprise privée de transport loin de la transparence, seulement voilà, la gestion du transport universitaire est à méditer car on l'a vu, il profite à tous. Ainsi, la gestion des restaurants et autres cantines universitaires pourrait être déléguée selon un cahier des charges rigoureux et des normes strictes d'hygiène et de portion à des prestataires privés, le tout servi à des prix abordables et bien étudiés.