Si le marché du livre de manière générale a connu un recul sensible ces dernières années en raison de l'absence de lecteurs, celui du livre parascolaire demeure fécond. Une virée dans des librairies de la capitale a révélé l'engouement des élèves mais surtout de leurs parents pour ce genre d'ouvrages. Si pour certains parents, le livre parascolaire peut remplacer les cours de soutien, d'autres le considèrent comme un moyen efficace pour inciter leurs enfants à travailler. Accompagnée par sa copine, Amina, bibliothécaire, entre dès la matinée à la librairie Grande surface de livres. Elles se dirigent directement vers le rang des livres parascolaires. Elles ont l'habitude d'en acheter dans cette librairie, du boulevard Victor Hugo. Amina passe au crible des livres avant d'opter pour l'achat. Elle cherche surtout l'année de l'édition. «Les anciennes éditions ne doivent pas coûter cher», fait-elle remarquer, regrettant que ce critère n'est pas toujours respecté par certains libraires. Au niveau de cet espace, tous les livres parascolaires proposés sont en langue française, y compris les matières scientifiques (mathématiques, physique…). C'est pour cette raison justement qu'Amina et sa copine l'ont choisi. «J'ai un enfant en terminal et un autre en quatrième année primaire. Je préfère acheter ces livres parce que cela les stimule à travailler et à retravailler leurs exercices. Ce sont des livres qui proposent à la fois des exercices et des solutions», atteste Amina, qui ne cache pas que parfois dans certains domaines, elle se retrouve incapable d'aider ces enfants, notamment l'aîné. Ces livres suscitent l'engouement des parents surtout durant la période des examens. Comme Amina, de nombreux parents préfèrent acheter ces livres qui proposent à la fois des problèmes et leurs solutions. «Certains exercices de ces livres sont les mêmes que ceux proposés dans les sujets d'examen. Lorsque l'élève s'entraîne bien, il réussira facilement ses épreuves», estime cette bibliothécaire. Cet avis est partagé largement pas d'autres parents. «L'élève peut s'entraîner aussi sur la manière de poser la question. Même si l'élève connaît la réponse, la consigne de l'exercice n'est pas toujours comprise. On ne les entraîne pas suffisamment à l'école. C'est pour cela que j'achète à mes deux enfants ces livres parascolaires. Cela leur permet de comprendre leurs exercices, quelle que soit la manière dont ils sont posés», avoue une mère de deux enfants placés dans une école privée. Pour sa part, l'accompagnatrice d'Amina estime que ces cours peuvent remplacer les fameux cours de soutien. «Le livre est toujours là contrairement à l'enseignant. Ainsi, l'enfant peut refaire son exercice autant de fois jusqu'à ce qu'il comprenne», explique cette dame venue acheter des annales de langue française du cycle primaire. Son fils suit des études dans une école privée rien que pour la maîtrises de la langue française. «Mon fils aîné a fait ses études dans une école publique. Son niveau de langue française n'est pas tout à- fait satisfaisant», considère-t-elle. D'après les parents interrogés, il n'est pas question de se contenter uniquement du contenu du livre scolaire. Si le recours aux cours de soutien commence à connaître un recul, notamment pour les préjudices que cela entraîne pour l'enfant du cycle primaire (manque de concentration, surmenage, absence d'activités ludiques…), le livre parascolaire reste en vogue. Pour les gérants de la librairie Grande surface de livres, la vente de livres parascolaires représente 25 à 30% de l'ensemble des ventes. Pas loin de cet espace, une autre librairie, Média Box, proposant des annales en arabe, connaît également un boom en ce qui se rapporte à la vente des livres. «Si on inclut les livres du préscolaire et ceux des activités ludiques, cette vente peut représenter jusqu'à 60%», déclare le libraire, assurant que le marché du livre parascolaire est très lucratif au moment où tous les autres domaines de lecture connaissent une hibernation. Le vendeur de la librairie Grande surface de livres considère qu'il y a trois catégories de parents : ceux qui sont «illettrés» et qui viennent directement demander conseil ; ceux ayant un certain niveau mais qui ne maîtrisent pas la pédagogie. Ces derniers demandent également conseil aux libraires avant d'acheter des livres. La troisième catégorie regroupe les parents qui savent quoi acheter. Ces derniers fouinent avant d'acheter un quelconque livre à leurs enfants. Dans tous les cas, ce sont tous les parents qui achètent des livres parascolaires. L'époque où l'élève se contente du contenu de son programme scolaire est révolue…