Avec une polémique tous les mois, enflammant Facebook et Twitter, Nouria Benghabrit est la star incontestée des réseaux sociaux. Deux visions de l'école et de ses valeurs s'affrontent : d'un côté, on conspue une responsable qui aurait – dit-on avec emphase - déclaré la guerre à l'arabe et l'islam, fondement de l'école algérienne. De l'autre, on applaudit une femme qui aurait - avec toujours autant d'exagération- tenu tête aux pressions de ceux qu'ils appellent «les islamo-conservateurs» ou les «baâthistes rétrogrades» et qui voudrait faire avancer l'école algérienne. La dichotomie entre arabophones et francophones n'aura jamais été aussi importante. Elle-même très présente sur les réseaux sociaux -une équipe de community managers dépendant du ministère de l'Education alimente régulièrement les comptes Twitter et Facebook de la ministre-, elle commente aussitôt les post et les vidéos faisant le buzz sur le Net. La vidéo postée sur Facebook de l'enseignante de selfie, dénoncée aussitôt par la ministre, n'est qu'une énième polémique génératrice de clivage au sein des réseaux algériens. Les uns criaient à un « endoctrinement des enfants chaouis par une enseignante arabe», les autres saluaient une enseignante qui s'élevait contre «le programme de francisation de l'école voulu par la ministre». Terrain d'affrontement entre les partisans et les pourfendeurs de la ministre de l'Education dès sa nomination, c'est sur ces réseaux qu'est apparue une rumeur selon laquelle elle serait d'origine juive. Un photoshop dans laquelle on la voit portant un pendentif de l'étoile David fut particulièrement injuste. Si la dame a amélioré son élocution en arabe classique -faisant taire les ricanements narquois des internautes-, les polémiques s'enchaînent et se ressemblent : une rumeur selon laquelle l'enseignement en «derdja» sera introduit en septembre 2015, la fuite des sujets sur Facebook, la coupure d'internet lors de la seconde session du bac, l'élan de solidarité autour de Kenza Oussalah, «meilleure bachelière de tous les temps» qui n'a pas pu bénéficier d'une bourse d'études ou des bourdes contenues dans les nouveaux manuels scolaires (à l'exemple de la suppression d'une petite phrase dans un texte d'un manuel scolaire disant qu'Ibn Battuta a appris le Coran par cœur avant d'entamer ses voyages, de la présence d'Israël sur une carte géographique ou encore sur un étrange «sondage ethnique». Si la majorité des polémiques sur Facebook n'ont été que verbiages et débats inféconds, tant les deux camps restaient retranchés sur leur position, ces empoignades renseignent néanmoins sur l'étendue du mal qui ronge le secteur. Très présent sur Facebook, le vice-président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Baha Eddine Tliba, se met en scène, à grand renfort de photos et de petites phrases assassines.