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La vie suspendue à Raïs
Plusieurs années après la tourmente
Publié dans El Watan le 31 - 10 - 2006

Raïs est un village situé à une vingtaine de kilomètres au sud-est d'Alger, dans la commune de Sidi Moussa. Et comme beaucoup de bourgs, il n'a toujours pas les faveurs du destin et surtout pas celles des politiques. « Ici, rien n'a changé depuis 50 ans », commente un vieux que nous avons arraché de la discussion avec son compagnon d'âge. Face à la vieille mosquée, assis à même le trottoir, les deux camarades s'adonnent à leur sport favoris : compter les voitures qui passent, les ans aussi.
« Ya welidi, hena rak fi larizouna (mon fils, ici c'est presque l'Arizona !) », lancera Allal, entre deux éclats de rire. Il le dira comme dans le film Le clandestin, avec Othman Ariouet, une mime qui déclenchera d'ailleurs l'hilarité de ses voisins, vieux, jeunes et gamins qui nous entouraient par curiosité. Car, depuis le temps… même la presse n'y va plus. Pour un événement, c'en est peut-être un. Difficile de ne pas essuyer les regards méfiants, apeurés et sombres des habitants, croisés à notre arrivée dans cet îlot semi-urbain. Difficile aussi de démêler la queue de la tête de ce village « maudit », étrangement construit, en totalité sur un seul côté de la route. « Quand le soleil se lève, l'ombre que projette Maqam Echaïd Monument au martyr d'Alger arrive jusqu'à nous », ironise Souhil, un jeune de 26 ans, qui usera de cette métaphore inattendue pour redire combien Alger est proche, à peine distante de 25 km, mais c'est des gouvernants que Raïs est loin, au point de l'effacer de la carte du développement de la wilaya. Chômage endémique, absence de perspectives, d'instruction et de loisirs, les jeunes, acteurs passifs ou actifs de la violence, nourris du sein de l'extrémisme, ont l'avenir compromis. « Les jeunes dorment toute la journée et ne sortent qu'en soirée jouer avec boulimie aux dominos et fumer un joint », raconte Souhil. La drogue, comme partout ailleurs, est devenue un besoin social. « Moi la drogue, c'est pas touche, mais beaucoup de mes connaissance en sont au contraire dépendants ». Les choses se sont empirées ces derniers temps. « Avant, on pouvait aller à Sidi Moussa, où on arrivait à se caser dans telle ou telle entreprise, comme la DNC, maintenant ce n'est plus le cas : tout a été fermé ». Pas de bureau de poste, pas de lycée, pas de salle de sport, pas de cybercafé, ni maison de jeunes, ni même une microscopique placette publique. Le village de Raïs manque effroyablement d'équipements publics. Les pouvoirs publics se sont distingués par leur indifférence. L'assemblée communale capte de ce fait la colère des habitants, qui se sentent floués par l'actuel exécutif, dominés par le tandem FLN-RND. Il ne faudrait surtout pas faire de quartier pour ceux qui ont « détourné les biens des pauvres ». Pour étayer ses accusations, Lakhdar Aribi, la soixantaine passée, nous rapporte que quatre membres de l'assemblé croupissent actuellement en prison. Pas trop visibles, certaines choses évoluent quand même. Il est vrai que ce n'est pas la vie des autochtones. Face au bâtiment de la brigade de la Gendarmerie nationale, Omar a loué un spacieux local pour son commerce de quincaillerie. Natif de Baraki, il dit s'être installé à Raïs depuis quelques semaines, encouragé par un « regain de vie » et surtout par ses collègues commerçants, originaires de la même ville que lui, premiers à briser « l'embargo ». Profitant d'un loyer modéré et des usagers de la départementale Baraki-Larbaâ, de plus en plus fréquentée, de nouveaux commerces de gros de produits alimentaires ont ouvert ces derniers mois. C'est l'œuvre des voisins du nord de Baraki. Beaucoup de ceux qui ont quitté leur patelin, emportés par la peur et l'instinct de survie, sont revenus chez eux, témoigne le commerçant. D'autres, des étrangers à la ville, viennent acheter des terrains et y construire des maisons. De belles maisons. Incités sans doute par les prix attractifs du mètre carré, guère pareils à ceux pratiqués dans d'autres localités d'Alger : trop élevés. « Il est possible d'en trouver à partir de 1500 DA/m2 », nous renseigne Omar, si non d'après Lakhdar, les gens d'ici ne peuvent construire de telles demeures : ils sont pauvres. Pauvres et oubliés. La preuve saute aux yeux : Raïs ne dispose d'aucun programme de logements sociaux. « On nous a toujours ignorés ». Le « on » de Lakhdar, c'est l'Apc, dont les responsables trouveraient de malins plaisirs à « rendre la vie impossible aux habitants de la cité ». Pour exemple, il remonte jusqu'à… 1972, où le P/APC de l'époque avait réquisitionné les forces de police et de gendarmerie pour empêcher le raccordement du village au réseau électrique ! Pour le gaz de ville, c'est une autre histoire : bien qu'un gazoduc traverse les terres de Raïs, les habitants n'ont pas pour autant entendu chuinter le gaz. Planche de salut pour les gens de Raïs : le petit dispensaire, qui leur rend d'inestimables services. L'infirmerie de campagne fonctionne à plein régime, couvrant même les populations des bourgs voisins, comme Belhouadi, qui viennent se soigner là. « Dans beaucoup de cas, les malades viennent avec les larmes aux yeux », témoigne la sage-femme. Deux médecins généralistes, deux dentistes, des infirmières, une sage-femme et une nouvelle psychologue veillent avec les moyens du bord sur la santé des habitants. D'après le personnel soignant, l'hypertension, le diabète et la tuberculose sont très répandus dans le coin. Des maladies causées par l'empilement de la torture psychologique plus d'une décennie durant et d'interminables privations. Encore en mémoire et comment en serait-il autrement, cette funeste nuit du 28 août 1997 quand des hommes, qui avaient sans doute cessé de l'être, étaient venus semer la mort, l'horreur, l'indicible.

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