Ainsi la palme d'or de cette 27e édition, la plus haute distinction, revient au film Labour Equals Freedom de Damjan Kozole, Slovénie. L'histoire d'une vie, qui décrit comment d'un bonheur on peut atteindre un puits sans fond, mais sans doute on peut changer la destinée et recommencer à monter des profondeurs. Peter a 40 ans, il est un machiniste. Il travaillait dans une fabrique mais qui ferme ses portes après l'intégration de la Slovénie dans l'UE. Peter et ses collègues restent dans la rue. Il visite régulièrement le service d'emploi et essaie de trouver un travail, sans résultat. Et peu à peu, il perd sa confiance et l'estime de soi-même ; de plus, il soupçonne son épouse d'une infidélité possible. La palme d'argent revient au film tunisien Fleur d'oubli de Salma Baccar, un de ces films qui appréhendent courageusement les contradictions et les transformations de la société tunisienne. Il raconte de manière sensible l'itinéraire d'une femme tunisienne mariée qui découvre que son mari est homosexuel, cherche en vain à l'aimer et à s'en faire aimer, et finit par s'adonner à la consommation du pavot (Khochkhach, titre du film en arabe) pour oublier ce désintérêt. Avec le temps, elle devient toxicomane. Abandonnée par son mari, éloignée de sa fille qui se marie, elle finit à l'asile. Là, l'un des « fous » l'aidera à retrouver son nom, son histoire, à dire sa douleur et à comprendre celle des autres, à vaincre sa dépendance. Quand tombe le diagnostic de guérison et que sa fille vient la chercher, elle refuse de partir de ce lieu où elle a compris qui elle était et où elle a connu l'amour. La palme de bronze a été décrochée par le film albanais Magic Eye de Kujtim Çashku. En Albanie, 1997, un photographe retiré, Petro, se rend à la capitale afin de terminer le film qu'il a enregistré avec sa Super-8 sur la violence et les meurtres de son pays. Pendant la révision des images, il découvre comment un cameraman avait provoqué la mort d'un homme et sa petite fille pour obtenir une bonne histoire. C'est là que Petro comprend bien l'importance de ses images et du danger qu'il court. En section informative, le prix du public revient au film Border café de Kambozio Partovi, Iran. Frontière irano-turque. A la mort de son époux, Reyhan, jeune femme iranienne, refuse de suivre la tradition locale qui lui impose de se marier avec son beau-frère. Afin de mener une vie indépendante et subvenir aux besoins de ses deux petites filles, elle décide de rouvrir le café routier tenu auparavant par son mari. Son comportement est perçu comme une provocation par sa belle-famille qui tente de l'isoler. Mais Reyhan ne se décourage pas et malgré les attaques de son beau-frère, elle transforme le relais routier en lieu convivial et renommé pour sa délicieuse cuisine. Lorsqu'elle rencontre Zakario, un camionneur grec devenu un habitué du café, la vie de Reyhan est sur le point de basculer... Par ailleurs le film irakien Narcissus blossom de Suayip Adlig, programmé en section informative, raconte l'histoire d'un groupe de militants kurdes pendant l'accord de l'après-guerre de 1975 entre le Shah d'Iran et Saddam Hussein qui provoqua la répression du peuple kurde dans les deux Etats. Ce groupe tente de vivre en paix et démontre l'amour de sa terre, l'espoir et la liberté. Combattre la dictature de Saddam en utilisant la communication et la conciliation. Un film qui mérite beaucoup de respect.