Les travailleurs des forêts de Boumerdès ont observé, dimanche dernier, une journée de grève ponctuée par un rassemblement devant le siège de la Conservation pour exiger le départ du conservateur. C'est « suite à l'échec du dialogue » entre les deux parties que la section syndicale (UGTA) a décidé d'une grève de 15 jours, à partir d'hier. Les travailleurs se plaignent du « comportement arbitraire du conservateur qui abuse de ses pouvoirs », soutient-on. Ils évoquent, notamment, des « mutations arbitraires, des arriérés de congés, le harcèlement et les intimidations que subissent certains travailleurs ». Au personnel manifestant se sont joints, hier, des représentants d'entreprises qui se plaignent de n'avoir pas été payés pour les travaux qu'ils ont réalisés pour le compte des services des forêts. Si la section syndicale avait déposé un préavis de grève, 15 jours auparavant, et que le conflit a commencé à poindre durant l'été dernier, la direction générale des forêts a attendu jusqu'à hier, premier jour de la grève, pour dépêcher une délégation à Boumerdès afin de tenter de trouver un terrain d'entente entre les deux parties. Les forestiers, eux, sont venus des trois circonscriptions de la wilaya (Bordj Ménaïel, Dellys et Boudouaou) appuyer leurs collègues. Le responsable indésirable nous a déclaré que les vraies raisons qui ont poussé les meneurs de ce mouvement à vouloir déstabiliser son institution ne se situent pas au niveau socioprofessionnel, mais sont plutôt à chercher dans des considérations d'intérêts. « Ce n'est pas fortuit si ce mouvement intervient à un moment où le secteur bouge grâce aux gros budgets dont il bénéficie », nous a-t-il dit. Des intérêts sont menacés et les individus concernés s'agitent pour les préserver, laisse-t-il entendre, donnant l'exemple du laxisme constaté au niveau de la circonscription de Bordj Ménaïel qui ne bouge pas le petit doigt devant l'exploitation illicite du gisement de tuf de Zemmouri. Le secteur des forêts a plus de 1000 ha à reboiser, des centaines de kilomètres de pistes à ouvrir ou à réhabiliter et d'autres projets encore. Ce qui aiguise les appétits, signifie M. Chelighem. Réagissant aux correspondances de l'union locale de l'UGTA de Boumerdès qui invite le conservateur à annuler les sanctions prises contre certains travailleurs, celui-ci a déclaré refuser toute ingérence dans les affaires de son institution. « Je n'ai de comptes à rendre qu'à Monsieur le wali et à mes supérieurs hiérarchiques », assène-t-il. Pour convaincre que le dossier des congés est bel et bien pris en charge, il a dit que pour les reliquats de 2004 et 2005, 458 titres de congés ont été signés pour un effectif de 122 éléments. Et bien que « le passif n'étant pas de (son) ressort », M. Chelighem a ajouté que son administration a décidé de revoir les congés de 2003 (61 cas). Quant aux frais de mission, « mon administration s'est acquittée de la majorité du montant et le reste est en voie de règlement ». Sur sa lancée, le conservateur des forêts de Boumerdès a rejeté en bloc les accusations des travailleurs pour soutenir « qu'il n'y a ni menaces, ni insultes, ni écart de langage de ma part envers quiconque ». « Tout ce que je fais, des mutations aux missions, je le fais dans le cadre de la légalité », dit-il. Si le syndicat estime à 90% le taux de suivi de la grève d'hier, M. Chelighem la situe autour de 50%.