Samia Abbou, l'épouse du célèbre avocat et grand défenseur des droits de l'homme en Tunisie, Mohammed Abbou, subit depuis quelques jours des actes d'intimidation et un harcèlement inédits de la part des services de sécurité tunisiens. Sa maison est interdite à toute visite, y compris familiale, depuis la fête de l'Aïd El Fitr. A l'extérieur, des policiers lui collent aux basques de jour comme de nuit, l'humiliant et la menaçant. Le 26 octobre dernier, alors qu'elle revenait d'une visite effectuée à la famille d'un prisonnier politique, dont le fils a été sauvagement agressé par les forces de sécurité, Mme Abbou, accompagnée de ses deux enfants, âgés de 10 et 13 ans et de l'avocate de grande renommée Radia Nasraoui, a été vivement interpellée devant son domicile par des policiers en faction qui lui ont signifié l'interdiction qu'elle fasse entrer chez elle sa « compagne », Me Nasraoui en l'occurrence. Ayant protesté contre cette « aberration », Mme Abbou se voit immédiatement menacée par deux policiers en moto, armés jusqu'aux dents. « Ils étaient terrifiants, nous regardaient, moi et mes deux enfants, droit dans les yeux (…) J'ai perdu toutes mes forces, crié très fort (…) », a-t-elle témoigné aux ONG internationales de défense des droits de l'homme. Continuant leur entreprise répressive, les services de sécurité ont, par la suite, interdit carrément à la circulation la rue où Mme Abbou habite. Seuls les résidents du quartier sont autorisés à y passer en exhibant leur carte d'identité. Devant cette intenable situation, Mme Abbou a fui sa maison pour aller se réfugier chez des amis militants. Cet acharnement policier contre elle et ses enfants s'explique simplement par son plein engagement aux côtés de son époux, Mohammed Abbou. Ardu défenseur de la liberté d'expression et de la démocratie en Tunisie, ce dernier croupit au fond d'un cachot, dans la prison de Kef, située à 170 km de Tunis, depuis le 1er mars 2005, et ce, pour avoir comparé les tortures infligées à des prisonniers politiques en Tunisie aux exactions de soldats américains à Abou Ghraïb en Irak. Aussi, les autorités tunisiennes n'ont sûrement pas apprécié les soutiens manifestes de Mme Abbou aux épouses de tous les autres détenus politiques qui « peuplent » les prisons tunisiennes. Dans un tel contexte et face à cette nouvelle escalade policière, les ONG internationales n'ont pas hésité à tirer la sonnette d'alarme. Ainsi, l'association des Chrétiens pour l'abolition de la torture, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, l'Organisation mondiale contre la torture et Reporters sans frontières ont vivement condamné ces actes dignes de tyrans. Dans un communiqué rendu public vendredi 27 octobre, ces ONG ont demandé fermement aux autorités tunisiennes de cesser ces harcèlements sur la personne de Samia Abbou et sa famille, mais aussi et surtout de libérer son époux, maître Abbou, dans les plus brefs délais.