Un millier d'oiseaux sont morts depuis le début du mois de septembre sur les bords de Sebkhet El Malleh, une zone humide d'importance internationale classée depuis 2004. Une catastrophe écologique. Bien que la sonnette d'alarme a été tirée par les membres du Laboratoire de recherche et de conservation des zones humides (LRZH) de l'université du 8 Mai 1945 de Guelma, le laxisme affiché effraye la population, qui craint pour sa santé et celle de ses animaux d'élevage, véritable pilier de l'économie locale. Pour Abdelhakim Bouzid, chercheur à l'université de Ouargla et membre du LRZH, le taux de mortalité prend une tendance exponentielle en l'absence d'une intervention sérieuse de la direction générale des forêts. Outre le risque sanitaire qui se profile, le site d'El Malleh, qui a connu en 2009 une importante opération de baguage du flamant rose, risque de perdre sa classification internationale. A l'embouchure déversant les eaux usées de la ville sur le bassin supérieur du lac El Malleh, des centaines d'oiseaux jonchent le sol. Cette situation, qui persiste depuis plusieurs jours, n'a pas l'air d'alerter outre mesure les autorités locales de la wilaya déléguée et encore moins les services des forêts chargés de la gestion de cette zone humide, véritable poumon de la région et escale saharienne obligatoire d'oiseaux migrateurs et semi-sédentaires, qui fait la réputation de la région. Abdelhakim Bouzid, un habitué des lieux, a effectué un recensement méthodique des oiseaux ayant péri et en voie de l'être : «Après le dénombrement d'un millier de cadavres d'oiseaux échus sur les berges du lac, mon collègue a compté encore 75 individus appartenant à différentes espèce le week-end dernier.» Plus de 71 espèces d'oiseaux d'eau sont répertoriées dans cette zone humide. L'ornithologue de Ouargla, passionné par les oiseaux migrateurs et acteur principal des opérations de baguage du flamant rose effectuées ces dernières années sous la conduite du professeur Samraoui, directeur du laboratoire à l'université de Guelma, à travers le territoire national, constate que «le représentant local des forêts est dépourvu de moyens d'intervention malgré sa volonté de bien faire». Nous confirmons que le préposé à ce service a en bel et bien procédé au prélèvement de quelques cadavres d'oiseaux ainsi que quelques individus encore en vie et souffrant de divers symptômes engageant leur pronostic vital. Le tout a été envoyé à Alger pour analyses depuis plus d'une semaine. Ainsi, au moment où cette catastrophe écologique prend une ampleur alarmante, les services de l'hydraulique viennent également d'effectuer à leur tour des prélèvements d'eau pour des analyses. Aucun interlocuteur n'a daigné répondre à nos questions, le chargé du secteur des forêts a reçu des instructions lui interdisant de répondre à la presse. Seule alternative crédible devant cette situation, le chercheur Abdelhakim Bouzid, qui confirme que «l'urgence de la situation aurait dû susciter le déplacement de toute la direction générale des forêts, interlocuteur unique des instances internationales et garante des conditions naturelles ayant permis la classification de ce site au patrimoine universel des zones humides».