Le président de la FIFA, Gianni Infantino, veut organiser une Coupe du monde (en 2026) avec 48 équipes. Sans concertation ni étude de faisabilité, il a balancé son idée et attend un retour. Par cette sortie inattendue, cet acte solitaire, il confirme les appréhensions qui ont entouré son accession au trône de la FIFA. C'est un dictateur dans la pure lignée de Joao Havelange et Joseph Sepp Blatter, ses prédécesseurs qui ont dirigé l'instance faîtière du football depuis 1974 jusqu'à la fin de l'année 2015. L'ancien secrétaire général de l'UEFA, spécialiste attitré du tirage des boules lors des cérémonies de tirage au sort, est un homme ambitieux, pressé et qui veut suivre les pas de son compatriote par qui le scandale est arrivé au printemps 2015. A priori, Gianni Infantino n'en fait qu'à sa tête et se fie aux seuls conseils de l'armada prétorienne qu'il s'emploie à former autour de lui depuis son élection à la tête de la FIFA, en février 2016. Pour preuve, un dossier aussi important que l'augmentation du nombre de pays qualifiés à la Coupe du monde, il l'a ouvert tout seul sans que, préalablement, il soit discuté par qui de droit. Il a choisi un déplacement en Amérique latine pour faire l'annonce d'une prochaine Coupe du monde à 48 équipes. Une promesse de campagne qu'il veut honorer. Cette sortie médiatique de Gianni Infantino est une gifle pour les membres du conseil de la FIFA (ex-comité exécutif), les organes techniques de l'institution ainsi que tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans les activités de la FIFA. L'Italo-Helvète est allé à bonne école. Celle de Blatter qui ne prenait pas de gants lorsqu'il voulait quelque chose. Il le faisait et ensuite informait le gouvernement du football (conseil). Gianni Infantino est dans la même posture. Il a balancé sa bombe à quelques jours de la tenue d'un conseil. Il n'y avait pas urgence au point d'infliger une humiliation à ses collègues du conseil qui ont pris connaissance de sa volonté de changer un aspect de la Coupe du monde le même jour que tout le monde. Ce coup est bien calculé. C'est une forme de test de la réactivité des membres du conseil et de la «grande famille de la FIFA» devant des décisions unipersonnelles du chef. L'absence de réaction témoigne de la mollesse de dirigeants préoccupés seulement par les primes et bonus qu'ils empochent à la faveur de leur présence dans les organes de la FIFA. Joao Havelange n'est plus de ce monde depuis l'été dernier, Joseph Sepp Blatter a été contraint de quitter le navire en 2015, mais la FIFA fonctionne toujours comme si ces deux hommes sont toujours aux commandes. Leur héritier, Gianni Infantino, leur a emboîté le pas. Lui aussi s'est inscrit dans leur logique. Faire de la Coupe du monde d'abord et avant tout une juteuse affaire de sous. Ensuite, l'argent récolté permettrait de conforter le pouvoir personnel à travers le versement de dividendes aux cols blancs qui ont toujours eu la main sur le football sans pour autant avoir un jour tapé dans un ballon ou vécu les moments de joie intense que procure le rang de joueur international. Une Coupe du monde à 48 équipes sera rentable pour les acquéreurs de droits, les sponsors, ainsi que tous ceux qui vivent et tirent profit de cette grande manifestation (sociétés de transport, restauration, hébergement ...) et certainement pas le football et les footballeurs qui joueront plus de matchs, bénéficieront de moins de jours de repos et de congé, et dont la santé sera exposée. Gianni Infantino et ses conseillers se foutent de ces considérations. Ce qui importe pour eux, c'est de faire rentrer beaucoup d'argent dans les caisses de la FIFA afin de pouvoir distribuer une partie pour asseoir le pouvoir absolu du président, comme l'ont fait Havelange et Blatter, et ensuite se partager le pactole entre eux. Sur cet aspect, Gianni Infantino n'a rien à envier au Brésilien et à son compatriote. N'a-t-il pas provoqué un scandale quelques semaines seulement après son accession au trône en rejetant les indemnités qui lui étaient proposées par la FIFA, affirmant que c'était une insulte à sa personne. Il veut croûter d'abord. Comme Havelange et Blatter. Pour ce faire, il n'hésitera pas à planter le chapiteau du grand cirque de la FIFA et de la Coupe du monde là où il y a une garantie que l'argent coulera à flots. La FIFA n'est pas sortie de l'auberge avec cet homme aux dents aussi longues que son ambition.