Un séisme de très forte magnitude a frappé la FIFA. L'arrestation de plusieurs responsables et dirigeants de l'instance faîtière la veille de la tenue de son 65e congrès, qui coïncide avec l'élection du président pour un mandat de 5 ans, marque sans nul doute le début de la fin de la FIFA dans sa version actuelle. La justice américaine a frappé fort au cœur même du système mafieux instauré par le Brésilien Joao Havelange et perpétué par le Suisse Joseph Sepp Blatter. Jamais la FIFA n'a été autant décriée. Joseph Sepp Blatter et ses lieutenants ont érigé la corruption en système de gouvernance. Les scandales, les pots-de-vin, le trafic d'influence, l'absence de transparence dans la gestion des affaires du football se sont institutionnalisés depuis que Blatter a pris ses fonctions de président. Plusieurs de ses proches, membres du comité exécutif de la FIFA, ont été éclaboussés par des scandales de corruption à répétition sans qu'il mette un terme à cette saga qui a fini par plonger l'institution dans la situation qu'elle traverse actuellement. A priori, l'épisode des arrestations et des inculpations ne s'arrêtera pas là, comme l'a indiqué un juge américain. C'est un véritable coup de pied dans la fourmilière que vient de donner la justice américaine. Beaucoup d'affaires vont remonter en surface. Si pour l'instant Joseph Blatter n'a pas encore été inquiété, il n'est pas exclu qu'il le soit très prochainement, lorsque les enquêteurs remonteront jusqu'à lui dans les affaires de corruption qui ont entaché l'image du football au cours des dernières années. Le coup de grâce pourrait lui être porté par Michael Garcia, l'ancien procureur du district new-yorkais, chargé par la FIFA d'enquêter sur les soupçons de corruption qui pèsent sur l'attribution à la Russie et au Qatar de l'organisation des Coupes du monde 2018 et 2022. Son rapport de 400 pages, rédigé après des mois d'enquête et qui a coûté 5 millions d'euros, n'a pas été publié, parce que Joseph Sepp Blatter a opposé son veto avec la complicité des membres du comité exécutif. Hier, la police helvétique a arrêté, sur ordre de la justice américaine, plus de neuf officiels de la FIFA, dont deux vice-présidents, Joffrey Webb (îles Caïmans, président de la Concacaf) et Eugenio Figueredo (Uruguay). D'autres dignitaires de la FIFA connaîtront le même sort incessamment. La prochaine grosse prise sera très certainement Texeira, l'ancien président de la Confédération brésilienne de football (CBF) et gendre de Joao Havelange, réfugié à Miami. S'il se met à table, il signera la fin de Blatter et de beaucoup d'autres dirigeants et responsables dans le football mondial. Toutes les confédérations en pâtiront. Le football est à l'aube d'une révolution, comme celle qui s'est produite en 1995, lorsqu'un joueur belge du nom de Jean-Marc Bosman s'est attaqué au système des contrats. Il a gagné sa bataille et a contribué à l'instauration de nouvelles règles qui font le bonheur des plus grands joueurs du monde. Le scandale, qui ébranle la FIFA depuis quelques heures, peut changer la face et l'image du football écornée par des années de mauvaise gestion par Blatter et son clan.