Intitulée «Biskra, sortilèges d'une oasis, 1844-2014», l'exposition a été inaugurée le 22 septembre à l'Institut du monde arabe par Jack Lang, président de l'IMA et Amar Bendjama, ambassadeur d'Algérie en France, en présence de nombreuses personnalités politiques et culturelles, dont Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice. Y participait également Me Salim Becha, notaire algérien, collectionneur d'art et mécène originaire de Biskra qui a activement soutenu le projet. L'idée de cette exposition a germé dans l'esprit d'un historien de l'art australien, Roger Benjamin de l'université de Sidney, qui en assure le commissariat avec Eric Delpont, directeur du musée de l'IMA. Elle s'articule en cinq grandes sections organisées autour de deux kiosques consacrés à la musique et au cinéma. La première section porte sur l'architecture et l'urbanisme de Biskra, depuis l'ancienne cité-oasis entre séguias et palmiers-dattiers jusqu'aux édifices coloniaux. La seconde concerne le tourisme depuis l'époque où Biskra devint une station d'hivernage pour les touristes européens, notamment anglais. Troisième section et sans doute la plus prestigieuse de par les pièces présentées, celle sur la peinture. Des toiles ont été empruntées aux musées d'Amsterdam et de Washington ainsi qu'à la collection de la Deutsch Bank. Me Salim Becha, qui a apporté une contribution financière à la manifestation, a en outre mis gracieusement à la disposition de l'exposition quatre toiles de sa collection personnelle dont «Danseuses d'Ouled Naïl» (1935) d'Yvonne Kleiss Herzig et «Ecole coranique de Biskra» 1981) de Léopold Henri Girardet. Clous de cette magnifique exposition, les peintures de Gustave Guillaumet, «Habitation saharienne, cercle de Biskra» (1882) et d'Henri Matisse, «Blue nude, souvenir of Biskra» (1907). La peinture algérienne est représentée par trois artistes : Noureddine Tabaha, Slimane Becha et Tahar Ouamane. La quatrième section porte sur la photographie et les arts graphiques. On peut y voir notamment des clichés de Jacques-Félix Moulin, ayant travaillé dans la région en 1856. Enfin, la cinquième section, intitulée «Une sensibilité d'avant-garde», s'intéresse à des personnalités emblématiques qui ont travaillé à Biskra, à l'image du célèbre musicien et musicologue hongrois, Béla Bartók, qui a enregistré des musiques traditionnelles de la région dans les années vingt. L'exposition ne se limite pas qu'au visuel et inclut dans son parcours des textes littéraires ou autres de plusieurs périodes : Ibn Khaldoun, André Gide, Sir Alfred Edward Pease, Théophile Gautier, Oskar Kokoschka, Hamid Grine… L'autre richesse de l'exposition réside dans la multiplicité de ses supports qui offrent quantité de points de vue pour constituer ce grand kaléidoscope de Biskra. «Biskra, sortilèges d'une oasis, 1844-2014» a bénéficié aussi du soutien de l'Algérie. Lors de l'inauguration, le représentant du ministère de la Culture, Mohamed Djehiche, ex-directeur du MaMa, a expliqué que cette participation avait été acceptée sur la base d'une vision artistique de Biskra. Il a annoncé par ailleurs que le livre-catalogue de l'exposition sera produit à Alger puis diffusé en Algérie et en France, par le biais de l'IMA. Pour le directeur du musée de l'IMA, cette initiative s'inscrit dans une volonté de questionnement «sur le regard porté sur l'autre». Selon lui, ce projet correspond aussi à un certain rééquilibrage des thématiques de l'IMA envers les pays du Maghreb. Avec quatre mois d'exposition, «Biskra, sortilèges d'une oasis» s'affirme comme une des grandes expositions de la rentrée culturelle parisienne. Après Paris-Plage, voici Paris-Sahara.
Exposition du 23 sept. 2016 au 22 janvier 2017. Du lundi au vendredi (10-18 h) ; week-end et jours fériés (10-19 h). IMA, 1 rue des Fossés Saint-Bernard, 75005, Paris.