«Les agents de l'APC sont intervenus 24 heures avant le passage de la délégation. Ils ont bouché les trous superficiellement…», selon les témoignages des citoyens. Avant qu'un officiel n'effectue une visite d'inspection, son entourage donne préalablement l'alerte, afin d'aviser les responsables au niveau local de son arrivée et préparer ainsi le terrain. C'est grâce à ce genre de dispositions prises en amont que des tronçons de routes sont refaits, que des trottoirs sont embellis, que des arbres sont taillés et que des murs sont ravalés. Cependant, dans la précipitation qui caractérise cet entrain, le travail est loin d'être soigné. Il suffit que le cortège officiel passe son chemin pour que le bitume fraîchement appliqué se détache, que les pavages des trottoirs se décollent, que le feuillage des arbres jaunisse et que le ravalement des murs se déteingne. La dégradation ne se fait pas naturellement, c'est-à-dire au gré du temps et de ses aléas, mais elle s'amorce après seulement quelques jours, voire quelques heures, du passage bref et éphémère des officiels. A Harraga, dans la commune de Bordj El Kiffan, la portion de route qui relie ladite localité à celle de Qahouet Chergui a retrouvé son état initial après seulement quelques jours de sa réfection. Des trous béants et des excavations ponctuaient tout le tracé de la route, particulièrement à proximité d'une station-service. Les automobilistes ont subi des années durant les désagréments causés par le piteux état de la route. Cette dernière a été rafistolée en un temps record, apprend-on auprès des habitants, et ce, à l'occasion du passage d'un cortège officiel. «Les agents de l'APC sont intervenus 24 heures avant le passage de la délégation. Ils ont bouché les trous superficiellement. Cependant, le bitume n'a même pas tenu une semaine, car il a été appliqué à même la boue», confie un habitant de la Harraga. Le même scénario absurde s'est répété dernièrement à Aïn Taya, où la visite du nouveau wali délégué a suscité une véritable exaltation de la part des responsables locaux qui, en l'espace de 24 heures, ont refait le ravalement des façades et le revêtement en bitume des artères principales, par où devait passer le cortège, notamment au niveau de la route qui longe la salle de sport. A peine la délégation partie, le bitume s'est décollé et l'insalubrité coutumière des lieux a repris tous ses droits. Ce genre de pratiques a été perçu par la population de Aïn Taya comme un manque de respect à son égard. Un responsable de passage mérite une attention particulière, mais pas les milliers de citoyens qui vivent sur place. Ils ont l'impression que toutes les entreprises et les Epic au niveau local sont au service des officiels, contrairement à eux. Ils les voient se déployer avec armes et bagages, alors qu'habituellement ils se distinguent par une léthargie déconcertante. «Ces responsables savent-ils au moins ce qui se passe ? Si c'est le cas, on peut dire qu'ils jouent parfaitement le jeu. Le carnaval fi dechra est loin d'être une fiction», ironise un habitant de la commune.