Très méconnus du large public algérien, les produits forestiers sont un important gisement de la valeur ajoutée pour le pays. Et le plus valorisé de ces produits en Algérie est le liège qui constitue, pour sa part, une ressource stratégique du fait de ses multiples usages (bouchonnerie, parquet, isolation thermique). Avec une production nationale de 100 000 à 150 000 quintaux par an, soit 7% de la production mondiale, l'Algérie est, mine de rien, le troisième producteur de liège au monde, loin derrière le Portugal (57%) et l'Espagne (23%). Une étude sur les filières industrielles algériennes effectuée par un bureau d'études étranger révèle qu'« avec une meilleure gestion et une exploitation plus rationnelle des peuplements, la production nationale de liège peut connaître une sensible augmentation à court terme ». Les potentialités nationales en matière de liège sont estimées à plus de 200 000 quintaux par an. L'exploitation du liège, qui était l'une des plus importantes dans la région, a connu, note l'étude, un fléchissement d'activité avant de redémarrer « lentement » depuis 1996. Un redémarrage qui s'est effectué par l'arrivée sur le marché des entreprises privées « de taille représentative » (plus de 200 salariés). L'Algérie, rapporte la même étude, est l'un des rares pays où s'acclimate le chêne liège (qui ne pousse que sur le pourtour du bassin méditerranéen). Le chêne liège est spécifique à la région ouest-méditerranéenne. La zone d'acclimatation couvre environ 2 350 000 ha sur le pourtour géographique concerné. Les pays producteurs dotés des principaux parcs forestiers sont le Portugal (700 000 ha), l'Espagne (450 000 ha), l'Algérie (430 000 ha), le Maroc (350 000 ha), l'Italie, la France et la Tunisie (100 000 ha chacun). La production mondiale de liège, apprend-on, est de sensiblement 350 000 tonnes par an. Le marché mondial est estimé « à 1,5 milliard de dollars, dont 1 milliard pour les bouchons (13 milliards de bouchons sont produits chaque année) ». Le Portugal y occupe une place prépondérante avec près de 60% du marché mondial. Le liège est la principale source d'exportation et d'emploi de ce pays (20 000 postes avec 500 entreprises). Pour la filière bois en général, le rapport d'étude souligne que seulement « 15 à 20% des potentialités du domaine forestier national sont exploités » Des potentialités de production qui sont estimées « à plus de 1,2 million de mètres cubes ». Les forêts productives ne couvrent qu'« un-tiers du patrimoine forestier national, soit 1 400 000 ha ». Elles sont constituées de « peuplements de pin d'Alep, d'eucalyptus, de chêne-liège, de chêne zen et afarès, de pin maritime et de cèdre ». En matière de réserves de matériel ligneux sur pied, les forêts de pin d'Alep, fait savoir l'étude, « représentent la plus grande proportion ». Alors que « parmi les feuillus, les eucalyptus et les chênes sont les plus importants. Le chêne-liège est essentiellement cultivé pour son écorce (liège) ». Les peuplements de pin d'Alep, relève le document, « renferment plus de 80% de la possibilité totale annuelle. Le reste est fourni par les eucalyptus, le chêne zen et le chêne afarès ». La superficie des forêts ayant fait l'objet d'études d'aménagement « s'élève à près d'un million d'hectares toutes essences confondues (y compris les peuplements artificiels d'eucalyptus). Ces forêts représentent une possibilité annuelle d'environ 460 000 m3 », apprend-on également. La production des forêts algériennes était, indique l'étude, « de 640 millions de dinars en 1999, mais seul le liège fait l'objet d'une exploitation d'envergure ». La filière bois est exportatrice de liège « autour de 15 millions de dollars ». Se basant sur les dernières statistiques du ministère de l'Agriculture, les rédacteurs de l'étude relèvent que « la production de bois d'œuvre des dernières années plafonne aux environs de 140 000 m3 ». Les concessions sont attribuées par « les Eaux et Forêts selon un barème fixé par les Domaines. A titre d'exemple, il variait - début 2003 - entre 3000 DA/m3 (pour les espèces les plus nobles) et 1500 DA/m3 ». Des quantités qui, selon les mêmes rédacteurs, « ne permettent pas d'envisager des investissements lourds compétitifs avec les principaux pays européens. A titre comparatif, la forêt française produit 40 millions de mètres cubes ». En matière de structuration, le secteur public de la filière bois est organisé autour du « groupe bois issu de l'ex-SNLB et réalise plus de 5 milliards de dinars de chiffre d'affaires ». Il est désormais constitué du groupe bois « Wood Manufacture », lui-même organisé en 37 filiales de différentes tailles (dont 3 pour les cabines, 8 pour le mobilier, 2 pour les panneaux bois avec 2 fermées, 16 pour la menuiserie générale et préfabriqué bois). Quant au secteur privé de la filière bois, il « réaliserait près de 15 milliards de dinars de chiffre d'affaires », rapporte l'étude.