Le potentiel agricole dans la wilaya de Bouira s'érode d'année en année pour de multiples raisons. L'avancée du béton à travers l'extension des agglomérations, la mise en place de zones d'activités, dont les surfaces sont démesurées par apport aux activités envisagées, et dans bien des cas non exploitées, s'accumulent et sont transformées en jachère. Face à cette situation, les autorités locales se sont engagées, à l'occasion du lancement de la campagne labours-semailles, à mettre un terme à cette situation. En effet, interpellé à cette occasion à l'occasion de sa première sortie sur le terrain, le wali de Bouira, Mouloud Cherifi, s'est engagé à prendre les mesures qui s'imposent, visant essentiellement «la préservation des terres agricoles contre toute forme de construction. Désormais, aucun équipement public ne sera implanté sur des terres agricoles», dit-il, insistant sur le danger visant leur bradage. Par ailleurs, il a appelé les agriculteurs à travailler le maximum de terres afin de réduire la jachère, qui prend de plus en plus d'ampleur. Cependant, pour les experts, ce recul des terres cultivables résulte essentiellement de l'absence d'une stratégie autour des moyens d'existence, en particulier les terres agricoles. Ce gaspillage du foncier est une gabegie qu'ils attribuent aux pouvoirs publics. «Cette région, avec l'exploitation des terres dans les conditions actuelles, ne peut pas permettre de produire plus de 600 000 quintaux de céréales, même avec une pluviométrie favorable», a estimé un professionnel du secteur, en précisant que même les autres filières enregistrent une décadence continue, faisant que cette région a perdu sa vocation agricole. Dans la wilaya de Bouira, la superficie réservée pour la campagne labours-semailles pour cette saison, estimée à 67 748 hectares, est réduite sensiblement comparativement aux données de l'année écoulée. Ce qui laisse penser, selon les professionnels, que «les résultats ne seront pas meilleurs du fait que les conditions techniques et l'organisation des agriculteurs n'ont pas évolué», estime M. Moussouni, ingénieur agronome. Des appels de détresse sont lancés par les agriculteurs et la population contre le bradage des terres agricoles par les pouvoirs publics. Des parcelles entières sont clôturées. Ce sont en effet des espaces livrés à des investissements mitigés, comme ce fut le cas au niveau des zones d'activités et industrielles et à proximité des agglomérations. Pour le directeur des services agricoles (DSA) de la wilaya de Bouira, Ganoun Djoudi, son administration a opté uniquement pour dégager des terres destinées à l'emblavement pour leur productivité. «Nous avons décidé cette année d'abandonner une partie des terres à vocation agropastorale situées dans le sud de la wilaya, dont le rendement est très faible», affirme M. Ganoun. Cette option est saluée, «mais à condition de redoubler d'efforts pour augmenter la productivité des terres fertiles qui n'offrent actuellement que des rendements très faibles», attestent des professionnels du secteur.