La Banque mondiale revoit à la hausse ses prévisions pour les cours du pétrole en 2017, tablant désormais sur un prix de 55 dollars le baril de brut contre 53 dollars en juillet, en raison de l'accord des membres de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) visant à limiter la production. Les prix de l'énergie, incluant le pétrole, le gaz naturel et le charbon, devraient bondir de pratiquement 25% au cours des douze prochains mois, une hausse supérieure aux prévisions de juillet dernier selon la dernière édition du Commodities Markets Outlook de la Banque mondiale. En revanche, en 2016, les cours du pétrole devraient s'établir en moyenne à 43 dollars le baril, sans changement par rapport aux estimations précédentes. «Nous anticipons une hausse sensible des prix de l'énergie l'an prochain, tirée par les cours du pétrole, déclare John Baffes, économiste senior à la Banque mondiale et principal auteur du rapport sur les marchés des produits de base. Mais faute de connaître les modalités concrètes d'application de l'accord de l'Opep, lequel aura certainement de profondes répercussions sur les marchés pétroliers quand il entrera en vigueur, nous devons envisager ces prévisions avec circonspection.» C'est ce qu'on peut lire dans une synthèse de l'édition du Commodity Markets Outlook, qui propose un dossier spécial consacré au plan de réduction de la production, récemment annoncé par l'OPEP. La Banque mondiale avertit cependant que la capacité de l'Opep à doper les cours du pétrole risque d'être entravée par la montée en puissance de l'offre non conventionnelle, provenant notamment des producteurs de gaz de schiste. L'institution met en garde en effet contre une éventuelle hausse de la production américaine qui pourrait résulter de la mise en œuvre de l'accord d'Alger de limitation de la production de l'Opep. Selon la Banque mondiale, une réduction prochaine de la production Opep devrait se traduire par une hausse des prix du brut qui dopera l'investissement dans les pays hors Opep et augmenter l'offre de pétrole de schiste américain. L'offre américaine de schiste, qui a profité des prix élevés du brut, a pesé sur les marchés, devenant la principale source de croissance de la production pétrolière américaine et représentant 5% de la production mondiale, souligne cette étude pour illustrer l'impact que pourrait exercer cette production sur les cours à moyen terme. Ce facteur «est susceptible de tester la capacité de l'Opep à doper les prix» commente la Banque mondiale, qui recommande aux membres de l'Organisation de se mettre d'accord sur un certain nombre de questions liées aux quotas individuels, aux périodes de base pour chaque coupe de production et au calendrier de leur mise en œuvre. Selon les chiffres avancés par la Banque mondiale, une coupe de production à 32,5 millions de barils/jour (mbj) entraînerait une réduction de l'offre mise sur le marché d'un million de barils/jour, alors qu'une réduction à 33 mbj aiderait à baisser cette offre de 0,5 million de barils/jour. Si l'Iran, la Libye et le Nigeria augmentaient leur production dans les prochains mois, les autres membres de l'Opep devraient supporter des baisses plus importantes pour atteindre l'objectif fixé par l'accord d'Alger, qui devrait mettre fin à deux années de production effrénée, préconise la Banque mondiale. Le rapport Commodity Markets Outlook est publié tous les trimestres par la Banque mondiale et vise à analyser de façon détaillée les marchés des principaux groupes de produits de base, notamment l'énergie, les métaux, les produits agricoles, les métaux précieux et les engrais. Outre des données historiques, il contient des prévisions sur les prix de 46 produits de base jusqu'en 2025.