L'Algérie dénombre seulement 2108 chercheurs permanents, un chiffre dérisoire qui empêche toute perspective de développement de la recherche scientifique et de l'innovation en Algérie, a affirmé, hier à Alger, le directeur général de la recherche scientifique au ministère de l'Enseignement supérieur, Hafid Aourag. «La recherche permanente est le maillon faible de la recherche» scientifique, a déploré hier Hafid Aourag lors des journées portes ouvertes sur la recherche appliquée, organisées par le Centre national d'étude et de recherche intégrée du bâtiment (Cnerib), sous le patronage du ministère de l'Urbanisme. En tout, le pays dispose de seulement 25 centres de recherche et 32 unités de recherche. «Depuis 2006, la recherche a été adossée à la Fonction publique. C'est une erreur d'administrer le chercheur en tant que fonctionnaire», a expliqué M. Aourag. Dans les pays développés, un tiers des chercheurs sont dans les universités, alors que deux tiers activent dans le secteur socioéconomique. Dans le cas de l'Algérie, les gouvernements successifs ont mis le paquet sur le développement la recherche universitaire (54 000 enseignants-chercheurs), au détriment de la recherche scientifique dans le secteur socioéconomique. «Il y a un manque flagrant pour atteindre la normalisation», a-t-il précisé, relevant que la France comptabilise, à titre d'exemple, 33 000 chercheurs permanents. En termes de production scientifique, le nombre des publications a atteint, selon lui, 600 en 2011 et l'on vise à atteindre les 2500 publications à l'horizon 2018. «Il faudrait néanmoins lever les contraintes bureaucratiques», a insisté Hafid Aourag. Le nombre de brevets est passé quant à lui de 19 en 2008 à 71 en 2016, une «prouesse», a-t-il commenté, rappelant que les centres de recherche ont une vocation économique puisque la moitié dispose de filiales commerciales. En dépit du retard enregistré par le pays, M. Aourag demeure confiant quant à l'avenir de la recherche scientifique. «La recherche scientifique dispose d'une assise de base», a-t-il fait savoir, notant que l'édifice réglementaire a été étoffé depuis l'adoption de la loi d'orientation sur la recherche scientifique et le développement technologique. De son côté, le directeur du Cnerib, Hamid Afra, a affirmé que la recherche scientifique a enregistré des progrès ces dernières années. Cela dit, il a insisté sur la nécessité d'augmenter le nombre des chercheurs permanents pour égaler celui des chercheurs universitaires. «Certes, le nombre des chercheurs permanents en France est 10 fois plus grand qu'en Algérie. Mais on ne peut pas faire de comparaison ! En France, la recherche a plusieurs années d'avance par rapport à l'Algérie», dit-il, en rappelant que l'Etat a beaucoup investi dans les centres de recherche. A noter que les organisateurs des journées portes ouvertes sur la recherche appliquée ont prévu de de nombreuses conférences thématiques en lien avec l'urbanisme, animées par des experts algériens et étrangers.