La question de l'insertion professionnelle des non-voyants se pose avec insistance à Oran, où les mesures et dispositifs favorisant leur intégration dans le marché du travail sont souvent ignorés par les employeurs. «Le ministère de la Formation professionnelle offre à cette frange de la population des opportunités de formation dans les spécialités qui leur conviennent, telles qu'opérateur standardiste», a indiqué M. Sahnoun, cadre de la direction de la formation professionnelle d'Oran. De son côté, le responsable du bureau de wilaya de l'Organisation nationale des malvoyants a souligné que «cette année, une quarantaine de malvoyants ont été formés. La majorité a été intégrée au monde du travail en coordination avec l'Agence de wilaya de l'emploi». Il s'agit d'un chiffre dérisoire lorsqu'on sait que la wilaya compte près de 5 000 malvoyants. A Oran, le non-voyant commence son combat dès son jeune âge. Pour prétendre à une scolarisation, il faut s'adresser à la seule et unique école spécialisée en mesure de le prendre en charge. Celle-ci est située à Aïn El Turck, à une trentaine de kilomètres d'Oran. Eloignement, manque de places, manque d'équipements, cette école semble dépassée. Arrivé à l'âge adulte, le malvoyant peine à avoir un poste de travail. Le texte réglementaire prévu par la loi concernant l'obligation des entreprises de consacrer au moins 1% des postes de travail aux handicapés n'est pas respecté. Selon l'un d'eux, un quadragénaire rencontré près du siège de l'Enabrosse, un atelier de fabrication de balais et de brosses, qui employait les malvoyants, n'a pas caché son désespoir quant à sa situation socioprofessionnelle. «Je vis un enfer depuis que l'entreprise (Enabrosse) qui m'employait, a fermé en 2012». «J'ai fait une formation en informatique pour améliorer ma situation, mais je ne trouve toujours pas de travail. Les sociétés n'aiment pas recruter des personnes aux besoins spécifiques. Je ne sais plus à quel saint me vouer», conclut-il avec amertume.