Ce vendredi, la corporation des journalistes a perdu l'un des siens, un reporter-photographe de talent. Il s'agit de notre confrère et ami Ouahab Habbat, directeur général de l'agence New Press, qui quitte ce bas-monde en silence. Pris d'une crise cardiaque à l'hôtel El Manar de Sidi Fredj, il a été évacué vers l'hôpital de Zéralda où il a succombé à son malaise. Ouahab, cet artiste remarquable et courageux, ce bon vivant, s'éteint à l'âge de 55 ans. Presque sur la pointe des pieds. Ouahab Habbat fait partie de cette génération de journalistes et d'artistes qui ont résisté au terrorisme. Il était investi, comme d'autres confrères décédés, d'une passion et d'un dévouement sans faille à son travail journalistique. Il a fait de la photo un moyen d'expression durant les années de braise qu'a connues notre pays. Il disait que la photo était toute sa vie. C'était, pour lui, plus qu'une passion. «Mon appareil photo est mon fidèle ami, mon compagnon de tous les jours. La photo, c'est toute ma vie», disait-il. Connu pour son sens aigu du professionnalisme, Ouahab excellait dans son travail et ne manquait jamais d'idées. Il était un seigneur de la photo. Il a disparu en emportant avec lui son rêve de voir la presse affranchie de tous les enjeux. Ouahab Habbat avait fait ses premiers pas au sein du journal francophone Le Matin comme directeur du service photo. Il a travaillé aux côtés des journalistes Saïd Mekbel et Amar Ouagnouni assassinés par les terroristes. D'ailleurs, comme il aimait à le répéter, c'est lui qui avait transporté Mekbel jusqu'à l'ambulance en cette journée funeste du 4 décembre 1994… Durant ces années, c'était pratiquement un combat quotidien contre le terrorisme et les chasseurs d'étoiles. Ouahab bravait le danger pour arracher la meilleure photo qui faisait souvent les unes du journal Le Matin. Ouahab a travaillé par la suite comme correspondant pour une agence de presse étrangère avant de créer New Press, à la maison de la presse Tahar Djaout, avec feu Nabil Belghoul, et qu'il a développée avec son associé, le frère de ce dernier, Anis Belghoul. Trois professionnels de la photo de presse dont les grandes qualités sont reconnues de tous. Ouahab a participé à plusieurs expositions dans des galeries à l'étranger. Ces photos, disait-il, avaient une âme. «Pour réaliser une belle photo, il faut d'abord aimer ce que l'on fait. Malheureusement, aujourd'hui n'importe qui prétend être du métier», déplorait-il. La triste nouvelle de sa mort a abasourdi plus d'un. Ouahab Habbat sera inhumé aujourd'hui dans son village natal, Ighil Khemis Cheréa, à Guenzet (Sétif). Un hommage lui sera rendu dans la matinée à la maison de la presse Tahar Djaout à Alger.