Le fondateur et directeur de New Press, la première agence privée de photo en Algérie, Ouahab Hebbat, est décédé, hier, à Sidi-Fredj, d'une crise cardiaque, à l'âge de 55 ans. L'annonce de son décès a fait l'effet d'un choc terrible dans la corporation de la presse tant Ouahab était considéré comme une véritable figure de la photographie en Algérie. À la maison de la presse Tahar-Djaout, ce photographe de talent, aussi entreprenant que débordant d'énergie, était connu, pour ainsi dire, comme le "loup blanc". Enfant du quartier populaire de Belcourt, il n'a jamais oublié Ighil Lekhmis, patelin de ses parents, situé non loin de Guenzet, dans cette Petite Kabylie à laquelle il s'est toujours identifié. D'ailleurs, il gardera longtemps sur son véhicule la plaque minéralogique comportant le numéro 34, indicatif de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Sur le plan professionnel, Ouahab fera d'abord ses armes au journal Le Matin, en pleine décennie noire. À ce titre, on peut affirmer qu'il est l'auteur de clichés immortalisant à jamais cette période pour les Algériens. Une image vaut mille mots, dit-on, un peu comme cette photo d'une dame en haïk portant à bout de bras une arme, symbolisant la résistance sans fin du peuple algérien. Ouahab sera un témoin "privilégié" de la saignée qu'a connue, à cette l'époque, l'Algérie. Pour l'histoire, c'est lui qui, le 3 décembre 1994, avait transporté Saïd Mekbel jusqu'à l'ambulance qui l'emmena à l'hôpital d'Aïn Naâdja où le célèbre chroniqueur succombera, le lendemain, à ses blessures. Dévoré par la passion qu'il avait pour ce métier, Ouahab lance en 1996, avec le défunt Nabil Belghoul, un autre talentueux photographe disparu, lui aussi, prématurément, l'agence News Press grâce à laquelle ce véritable pionnier a acquis une stature internationale, notamment à la faveur de sa collaboration avec de grandes agences de photojournalisme comme Sipa Press ou encore Associated Press Images. Dès lors, ses clichés feront le tour du monde pour illustrer aussi bien Der Spiegel, New York Times ou encore Paris Match. Très rigoureux en matière de respect des droits d'auteur, il n'hésitait jamais à ruer dans les brancards pour dénoncer le moindre écart. De ce point de vue, Ouahab aura été, incontestablement, d'un grand apport en matière déontologique. Ayant marqué de son empreinte la corporation de la presse indépendante en Algérie. Son départ laissera, à coup sûr, un vide difficile à combler. Adieu l'artiste ! Mohamed-Chérif Lachichi Condoléances La direction et l'ensemble du personnel de Liberté, très affectés par le décès de Ouahab Hebbat, directeur de l'agence New Press, présentent à la famille du défunt leurs sincères condoléances et l'assurent en cette pénible circonstance de leur profonde compassion. "À Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons."