Pour la première fois, la référence avec l'épuisement du Fonds de régulation des recettes (FRR), comme je l'ai préconisé il y a quatre années pour plus de transparence d'efficacité de la dépense publique (voir www.google.com), le gouvernement a retenu enfin la moyenne du marché prévue, c'est-à-dire 50 dollars le baril pour 2017, avec un important déficit du Trésor dont l'avenir entre 2017/2020 sera lié à l'évolution du cours du pétrole/gaz. Avec l'épuisement du FRR fin 2016, que faire car tout accroissement des dépenses par rapport aux recettes prévues augmentera le déficit budgétaire avec un impact inflationniste ? Il faudra distinguer la part des dépenses en dinars (solutions internes) de la part en devises et distinguer les actions conjoncturelles, des actions structurelles qui seules sont une réponse appropriée aux défis futurs du pays. Selon le rapport Perspectives de l'économie mondiale présenté, le 4 octobre, par le Fonds monétaire international (FMI), contrairement aux prévisions euphoriques de certains experts, le cours du pétrole s'établirait à 51 dollars en moyenne annuelle pour 2017. Toujours selon le FMI, le PIB algérien devrait passer de 3,6 en 2016 à 2,9 en 2017. Mais le plus inquiétant c'est le prix de cession du gaz traditionnel représentant un tiers des recettes de Sonatrach avec une prévision de 50% en 2020. Or, selon le FMI, il a atteint son cours le plus bas en 12 ans, en raison certes de la chute des cours du pétrole, mais également à cause de la vigueur de l'offre russe en gaz naturel et par l'affaiblissement de la demande asiatique. La loi de finances 2017 prévoit, malgré une baisse d'environ 30% du budget d'équipement, un solde global du Trésor de 1248 milliards de dinars, au cours du 4 octobre 2016 de 109 DA pour un dollar, un déficit de 11,44 milliards de dollars soit de 8%, contre un déficit de 15% en 2016. Alors que faire ? Premièrement, il y a urgence d'aller vers une allocation ciblée des ressources financières et une rationalisation des dépenses (économies de gestion) tant pour la partie devises que dinars, supposant de lutter contre les surcoûts et la corruption. Mais il existe des limites tant économiques que sociales quitte à étouffer toute l'économie, puisque l'Algérie est une économie rentière où les recettes en devises avec les dérivés représentent 97%. Les exportations hors hydrocarbures étant marginales, 83% du tissu économique reposent sur le petit commerce/services, le secteur productif, excepté l'agriculture, étant embryonnaire et environ 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dépendent de l'extérieur. Deuxièmement, accroître la fiscalité ordinaire pour la sphère réelle pour les ménages et les entreprises, l'impôt direct étant le signe d'une plus grande citoyenneté, la facilité pour tout gouvernement étant l'accroissement de l'impôt indirect (injuste par définition), tout en étant conscient que l'impôt peut tuer l'impôt, supposant une réforme fiscale fondement à la fois de l'équité et de l'efficacité, tout en intégrant intelligemment par des mécanismes transparents la sphère informelle loin de toute action administrative bureaucratique. Troisièmement, continuer le dérapage du dinar pour la partie dinar, pour ne pas dire dévaluation, le cours étant passé de 75 DA pour un dollar il y a trois ans à 110 DA pour un dollar et de 85 DA pour un euro à 120 DA pour un euro fin 2016, constituant une épargne forcée, tant par rapport au dollar qui gonfle la fiscalité pétrolière (vente en dollars) et par rapport à l'euro la fiscalité ordinaire, les taxes à la douane s'appliquant à un dinar dévalué. Avec un cours de 75 da pour un dollar, et 85 DA pour un euro, le déficit du Trésor dépasserait les 20 milliards de dollars. Quatrièmement, continuer à puiser dans les réserves de change pour la partie devises qui, selon la Banque mondiale, clôtureraient à 112 milliards fin 2016 et selon la Banque d'Algérie à 120 milliards de dollars ayant un répit de quatre années au vu des importations de biens et services incompressibles, une économie productive mettant du temps à l'instant T0 de sa mise en œuvre (minimum cinq années), le temps ne se rattrapant jamais en économie. Cinquièmement, aller vers un endettement extérieur ciblé pour la partie devises uniquement pour les segments concurrentiels productifs. Sixièmement, mettre en place une politique de subventions et de transferts sociaux ciblés intersocioprofessionnelle et interrégionale. Mais n'ayant pas une vision de sinistrose, la justice sociale, pas l'égalitarisme, n'est pas antinomique avec l'efficacité économique impliquant une plus grande moralisation de la société et des dirigeants, supposant un partage équitable du sacrifice et dont les responsables doivent donner l'exemple et avoir un langage de vérité. Ainsi, la loi prévisionnelle de finances 2017 prévoit 1630,8 milliards de dinars alloués aux transferts sociaux (23,7% du budget de l'année 2017) essentiellement destinés au soutien aux familles, à travers la subvention des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huiles alimentaires), au soutien à la santé et aux programmes nationaux de logement. A l'avenir, si le cours se maintient entre 45 et 60 dollars, cette généralisation des subventions, injuste par définition, sera intenable financièrement, impliquant un ciblage pour les plus démunis et les secteurs que le gouvernement veut encourager transitoirement. Septièmement, la solution ultime conjoncturelle serait la planche à billets – car à 50 dollars le baril, il n'y a plus de marge de manœuvre en cas d'un cours à 50 dollars ou moins, et ce, d'autant plus qu'avec l'emprunt obligataire qui a concerné surtout les surliquidités au niveau de la sphère réelle asséchant les banques, tout en ayant permis des rentes spéculatives avec les transferts de fonds des banques à un taux d'intérêt de 2% vers le Trésor à un taux d'intérêt de 5% (voir nos contributions 2015/2016 sur www.gologle.com). Cette procédure n'est pas propre à l'Algérie, l'histoire économique montrant que la majorité des Etats en cas de crise budgétaire l'utilisent pour réduire leur endettement public. Cela induit une épargne forcée, au détriment des couches défavorisées et moyennes, le processus inflationniste jouant comme vecteur de redistribution de revenus au profit des revenus variables qui, en Algérie, sont en dominance dans la sphère marchande réelle et informelle. Eviter la dérive inflationniste comme au Venezuela (plus de 300%) suppose une régulation forte conciliant le cadre macroéconomique et le cadre macrosocial. Huitièmement, pour éviter le scénario dramatique des impacts de la baisse des cours du pétrole des années 1986, la solution la plus durable est d'avoir une vision stratégique afin d'asseoir une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales. Il ne faut plus se faire d'illusion, un cours du pétrole de 80 à 100 dollars est improbable, rendant urgent pour l'Algérie, si elle veut éviter sa marginalisation, l'émergence d'une économie diversifiée dans le cadre de la mondialisation. Sans réformes structurelles profondes, supposant un minimum de consensus politique et social et une visibilité et une cohérence dans la démarche des réformes, il ne faut pas s'attendre à des miracles. En résumé, afin, comme le prévoit le FMI, d'avoir une réduction progressive du déficit budgétaire entre 2017 et 2020, ces huit actions peuvent être combinées mais supposant une vision stratégique et une maîtrise de la régulation d'ensemble évitant les tactiques conjoncturelles qui reportent les tensions dans le temps. Comme instruit par le président de la République et pour des raisons de sécurité nationale, le langage de la vérité s'impose. L'Algérie n'a pas d'autre choix : réussir les réformes qui seront douloureuses à court terme mais porteuses d'espoir à moyen et long termes pour les générations présentes et futures, possédant toutes les potentialités pour réussir supposant une autre démarche où le politique, l'économique, le social, le culturel sont dialectiquement liés. Ou rester en statu quo en retardant les réformes structurelles, ce qui conduira inéluctablement à la cessation de paiement à l'horizon 2020 avec des risques de tensions sociales et la déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine, avec des interférences étrangère du fait que l'Algérie est un enjeu géostratégique, ce qu'aucun patriote algérien ne souhaite.