Le très controversé Donald Trump accède à la Maison-Blanche à l'issue d'une campagne électorale où il s'est forgé l'image peu rassurante d'un homme politique peu enclin au dialogue, voire extrémiste. Surprise, choc, incertitude, inquiétude… Il y a huit ans, l'élection du premier président noir aux Etats-Unis, Barack Obama, avait suscité tous les espoirs. Le scrutin présidentiel d'avant-hier, qui a porté à la Maison-Blanche le magnat blanc Donald Trump, a produit l'effet contraire : le désespoir. En effet, le monde accueille — à l'exception des mouvements d'extrême droite en Occident — avec beaucoup de tristesse cette élection. En Asie, en Europe et en Afrique, la victoire annoncée, très tôt dans la matinée d'hier, du populiste Trump a été plus qu'une surprise. Un tremblement de terre de forte magnitude pour l'ensemble des dirigeants du monde : Chine, Allemagne, France, Moyen-Orient… Le nouveau président des Etats-Unis fait déjà peur. Son discours et ses «dérives» durant la campagne électorale ont accentué la méfiance à son égard. Et cela se confirme dans les réactions enregistrées quelques minutes après l'annonce du résultat final. «La victoire de Donald Trump ne me réjouit pas, mais il est le président librement élu des Etats-Unis et a droit à ce qu'on lui donne une chance», affirme le président du Parlement européen, Martin Schulz. Le président français François Hollande, lui, se montre plus pessimiste et estime que «cette élection américaine ouvre une période d'incertitude». Comme à Paris, à Berlin le moral était en berne. Réagissant à la nouvelle venant des Etats-Unis, la chancelière Angela Merkel prédit «des temps plus difficiles» avec Donald Trump. La responsable allemande réclame, dans la foulée, «le respect de l'autre» dans la future relation américano-allemande, en insistant sur les droits de l'homme. Pour sa part, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, assure que l'Union européenne (UE) «va continuer à travailler» avec les Etats-Unis après la victoire de Donald Trump. «Les liens UE-USA sont plus profonds que n'importe quel changement politique», précise-t-elle. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le président du Conseil, Donald Tusk, ont invité M. Trump à un sommet UE-USA en Europe «dès que cela lui sera possible». Le président du Parlement européen, Martin Schulz, exprime, quant à lui, son espoir de «trouver un créneau pour coopérer» avec le nouveau président des Etats-Unis, élu démocratiquement. La Chine, pays attaqué frontalement par Donald Trump, se montre déçue mais espère mettre en place un partenariat économique important. Ces réactions démontrent l'ampleur des craintes des grandes puissances. Espoir en Russie, attentes au Moyen-Orient Contrairement à l'UE et la Chine, en Russie c'est l'espoir de voir les rapports avec les Etats-Unis s'améliorer qui règne. Le président Vladimir Poutine n'a d'ailleurs pas tardé à féliciter M. Trump pour son élection à la Maison-Blanche, tout en espérant une amélioration des relations russo-américaines, qui connaissent de graves tensions en raison de l'opposition des deux grandes puissances, notamment dans les dossiers syrien et ukrainien. Effectivement, le chef d'Etat russe «a exprimé l'espoir que (soit mené) un travail mutuel pour sortir les relations entre la Russie et les Etats-Unis de leur situation critique». Au Moyen-Orient, ce sont des attentes qui ont été exprimées. D'abord par l'Iran, pays qui vient juste de se débarrasser de l'embargo imposé notamment par les Etats-Unis en raison de son programme nucléaire. Aussitôt après la victoire de Donald Trump, l'Iran s'est interrogé sur le sort de l'accord sur le programme nucléaire iranien. «Le plus important est que le futur président des Etats-Unis respecte les accords, les engagements pris non pas à un niveau bilatéral, mais à un niveau multilatéral», affirme le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, qui était en visite à Bucarest. La Turquie, qui désire que son alliance avec les Etats-Unis se poursuive, appelle le nouveau président américain à livrer à la Turquie «le plus rapidement possible le prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir ourdi le putsch manqué en juillet et qui vit en exil aux Etats-Unis». Le Monde arabe, qui est le théâtre de violentes guerres, s'interroge sur la politique qui sera adoptée par le nouveau Président dans la région. Ainsi, le roi Salmane d'Arabie Saoudite a souhaité, dans un télégramme de félicitations au président élu des Etats-Unis, que ce dernier apporte «la stabilité» au Moyen-Orient. De son côté, le président égyptien, Abdelfattah Al Sissi, appelle au «renforcement de la paix, de la stabilité et du développement au Moyen-Orient, en particulier à la lumière des défis importants qui pèsent sur la région». Interpellant le nouveau maître des Etats-Unis sur les risques encourus s'il négligeait la question palestinienne, le président Mahmoud Abbas invite Donald Trump à œuvrer à l'établissement d'un «Etat palestinien sur les frontières de 1967». Mais l'espoir est mince pour les Palestiniens. «Le président élu est un véritable ami de l'Etat d'Israël», précise, de son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui se dit «impatient de travailler avec lui en faveur de la sécurité, la stabilité et la paix».