L'auteur algérien Yasmina Khadra, lors du café littéraire du SILA, s'est répandu en diatribes contre la presse nationale, notamment le quotidien El Khabar. Que répondez-vous à cela ? Franchement, c'est malheureux de la part de Yasmina Khadra. Un grand écrivain, certes, qu'on respecte beaucoup ici, mais, honnêtement, j'ai été choqué. Traiter un journaliste de terroriste parce qu'il a tout simplement écrit un article présentant une note de lecture d'un ouvrage, c'est navrant... Non seulement il a traité le journaliste de terroriste, mais il a dit aussi quelque chose de plus grave : que le journaliste n'a même pas lu le livre. Emettre de tels jugements, totalement éronnés, ce n'est pas bien de la part d'un auteur dont on avait une haute opinion. La note de lecture est celle du dernier roman Ô Maria d'Anouar Benmalek... On publie un compte rendu de lecture de l'ouvrage d'Anouar Benmalek. Une note de lecture, tout simplement, qui portait en réalité sur l'inquisition, et ce, en citant des passages dans les pages 288, 245, etc. En réalité, c'est un débat. Ni Anouar Benmalek ni une autre personne ne s'est manifestée à ce propos. A chaque fois, ce sont des réponses par procuration. Cette fois-ci, c'est Yasmina Khadra qui prend le relais. Cela est tout à fait curieux... Justement, pourquoi une telle polémique avec la presse algérienne ? Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un ancien militaire et qu'il a réagi en militaire. Mais force est apparemment avec un tel comportement d'avoir une telle idée à l'esprit. Il croit donner des ordres aux gens, dont il n'accepte pas un quelconque avis critique, à la limite, différent. Certes, c'est un écrivain qui est aujourd'hui reconnu et qui a eu les faveurs de nos colonnes. Cependant, je tiens à dire qu'il n'est pas dans le style du journal El Khabar de se constituer en quelconques comités de soutien pour qui que ce soit. On a des rubriques culturelles où exercent des journalistes compétents à l'instar d'ailleurs de toute la presse algérienne, sans exception aucune. Maintenant, on ne peut plus avoir le droit de consigner une critique ? N'en déplaise, la presse algérienne est un espace de débats quoi qu'en dise Yasmina Khadra, sérieux, honnête et sans complaisance. Un espace d'expression libre... Un espace ouvert à lui-même et à tout le monde. Et qu'il le sache, nous serons les premiers à le défendre si l'on porte atteinte à son intégrité. Mais se répandre en diatribes, avec tant de facilité, parce que la presse algérienne n'a pas voulu être son comité de soutien, M. Khadra s'est un peu empressé en constat hâtif. Elle a joué son rôle en tant que presse. On ne peut par faire d'articles sur mesure. J'ai été surpris de constater que cet auteur algérien dont nous sommes fiers a traité la presse algérienne avec condescendance alors qu'il est mieux placé que quiconque pour savoir ce qu'elle a souffert ces 15 dernières années . Ce n'est pas la première fois. Quand il y a eu des critiques sur El Watan et dans d'autres journaux portant sur son dernier roman Les sirènes de Bagdad, il a déclaré qu'on le traitait de pro-israélien. Cela veut dire qu'on n'a pas le droit de le critiquer, de faire une note de lecture... C'est malheureux de la part d'un écrivain qui est le mieux placé pour donner l'exemple en acceptant le débat contradictoire. C'est pour nous un trait de caractère inattendu ! Un peu d'humilité, M. Yasmina Khadra. Est-ce cela la récompense face au lourd tribut payé par la corporation ? Après tout ce qu'ont fait le terrorisme et le pouvoir contre la presse algérienne, il ne restait plus qu'un Yasmina Khadra pour traiter la presse de terroriste. Un peu de respect pour la mémoire les journalistes morts ! C'est grâce à cette même presse qui l'a soutenu qu'il a pu partir en France pour revenir la tête haute au Salon du livre international d'Alger... pour nous insulter. C'est quelqu'un que tous le monde aime bien, c'est vrai, mais il a vraiment exagéré. C'est trop facile d'aller dans un café littéraire et insulter les gens. Yasmina Khadra a un avis contradictoire à propos du roman Ô Maria d'Anouar Benmalek. Ok. Qu'il nous remette son point de vue. Même si on s'est trompé, il pouvait nous écrire et émettre son avis. Il fallait réagir avant. On est les premiers à protéger les écrivains et accompagner et suivre leur promotion. On ne cesse de dire qu'il n'y a pas assez d'espaces culturels. Puis quand on ouvre un espace, voilà le résultat. Que faire ? Toutes les rédactions nationales comme nous à El Khabar doivent être déçues de constater que Yasmina Khadra gère mal sa notoriété.