Agronome de formation, Mohamed Yargui, et faute de débouchés à la hauteur de son diplôme, se tourne vers le théâtre et l'écriture. En parallèle, il donne bénévolement des cours d'alphabétisation. Il se découvre la vocation d'artiste- comédien, une inclination qui le pousse à suivre des cours d'art dramatique et même de techniques cinématographiques dans sa ville natale, Béjaïa, plus exactement au niveau de la maison de la culture. Le voilà sollicité pour incarner des rôles au théâtre régional. Cela ne l'empêche pas de participer à la réalisation de courts métrages en compagnie de jeunes cinéastes. C'est ce travail collectif qui lui ouvre grandes les portes du cinéma. Parmi les films collectifs, il nous cite Je veux savoir, Liès, L'échappée, des courts métrages qui traitent de problèmes sociaux ou de thèmes socio-éducatifs et culturels. Mohamed Yargui prend son envol et réalise un court métrage intitulé Au bout du tunnel, dans lequel il relate la détresse des diplômés au chômage. Selon son sujet, tout diplômé doit apprendre un métier manuel pour faire face aux difficultés de la vie et échapper au chômage. Grâce à ce film, il obtient l'Olivier d'or au Festival du film amazigh lors de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Il réalise un second film, Houria (liberté), en 2007, qui lui vaut aussi plusieurs distinctions, dont une au festival de Montpellier en France, où il obtient une mention spéciale. Son dernier court métrage, il l'a projeté sur les écrans des salles de la wilaya d'Oum El Bouaghi. Il s'agit de Yuhdegh kem (Je veux savoir). Dans ce film, le réalisateur parle du carcan qui pèse sur la femme dans notre société. Dans certaines contrées du pays, la jeune fille est privée de son droit de savoir et d'apprendre pour devenir maîtresse de sa destinée. D'où le plaidoyer du réalisateur pour rendre à la femme le droit à l'instruction et au savoir. Mohamed Yergui sera sollicité par le cinéaste Abdelkrim Bahloul, pour devenir son premier assistant dans le film Voyage à Alger. Entre-temps, il produit et anime une émission culturelle, Gouttelettes d'arts, à la radio Soummam, qu'il a intégrée en 2016. Dans un autre registre, Mohamed Yargui a produit un film documentaire, Murmures des foggaras, qu'il a tourné à Timimoun. Il s'est appuyé sur le travail de l'anthropologue et néanmoins musicologue Maya Saïdani pour produire ce documentaire, qui permet au public de connaître le patrimoine immatériel de cette région du pays. Danses et chants de cette partie de l'Algérie sont immortalisés sur la pellicule. Il faut dire que Mohamed Yargui se sent l'âme d'un cinéaste qui, avouons-le, ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Le regard qu'il porte sur la société est sans équivoque neuf et original.