Le gouverneur de la Banque d'Algérie évoque la possibilité d'un certain «dégel du contrôle des changes qui date de très longtemps». Un marché à terme des devises, destiné à favoriser les exportations hors hydrocarbures, devra être mis en place d'ici juin 2017, a annoncé hier le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Loukal. Intervenant lors d'une réunion sur le suivi des exportations qu'il a présidée à Alger, conjointement avec le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, le premier responsable de la Banque centrale, repris par l'APS, a ainsi précisé que la création de ce marché a pour finalité d'aider les exportateurs à se prémunir contre les risques de change qui, faut-il le souligner, pénalisent lourdement les activités de production et d'exportation. Aussi, a-t-il soutenu, ce marché aura pour office de «permettre aux exportateurs d'avoir une visibilité pour mieux maîtriser les coûts et de prémunir les importations de matières premières et des investissements, nécessaires à la production des biens à exporter, d'une éventuelle dépréciation du dinar». Dans la pratique, explique encore M. Loukal, il s'agira de créer un marché d'offre et de demande des détenteurs de capitaux en devises, où «il y aura tous les particuliers et tous les comptes exportateurs, personnes physiques ou morales», qui vont se rencontrer pour des opérations à terme d'achat et de cession de devises. Sans donner de plus amples détails sur la nature de l'offre qui servira à alimenter ce futur marché formel de devises, Mohamed Loukal a toutefois laissé entendre qu'une grande réforme de la politique de change serait désormais en préparation afin d'assouplir notamment le contrôle et l'accès aux devises, de manière à rompre avec les dispositifs très rigoureux en vigueur en la matière. «C'est une très grande réforme que nous allons introduire et elle constituera progressivement un petit dégel au contrôle de change qui date de très longtemps», a-t-il ainsi déclaré, tout en annonçant d'autres nouvelles mesures pour faciliter les exportations, à savoir le prolongement des délais de rapatriement des devises de 180 à 360 jours et l'introduction des notions de paiement au comptant et à crédit en faveur des exportateurs. Quoi qu'il en soit, en attendant de connaître les modalités de son fonctionnement, ce nouveau marché à terme des devises, que la Banque d'Algérie projetterait donc d'ouvrir dès le premier semestre de l'année prochaine, semble d'emblée s'apparenter à une structure restreinte, où serait injecter une offre limitée de devises, soit celle transitant actuellement par les banques. De plus, ce marché serait ainsi réservé exclusivement aux exportateurs, dont le nombre, faut-il le rappeler, reste pour le moins minime. Quant à la perspective d'opérer un certain dégel du contrôle sévère qui s'exerce actuellement sur l'accès au change, il supposerait, selon nombre d'experts, l'instauration d'un fort degré de convertibilité du dinar, ce qui semble peu opportun en contexte de crise financière et de tarissement des avoirs du pays en devises. A rappeler, dans cet ordre d'idées que le gouverneur de la BA, lui-même, avait déclaré tout récemment à l'APN, qu'il n'est point question «de faire une convertibilité précoce du dinar» et que l'ouverture des bureaux de change agréés, annoncée pourtant à peine quelques mois plut tôt, «n'est désormais plus une priorité».