Les commerces ne sont approvisionnés en lait que par intermittence. Malgré les assurances des pouvoirs publics quant à un approvisionnement régulier et sans faille du lait en sachet, la pénurie persiste. Les longues chaînes devant les commerces de produits laitiers tendent à devenir quasi quotidiennes. Dans certaines localités de la capitale, le sachet de lait a été vendu à 35 DA. D'après des témoignages de citoyens, des distributeurs de lait, sans scrupules, ont écoulé leur chargement sur les trottoirs. Ils se sont mus, le temps de cette pénurie, en marchands informels, et ce, dans le but d'augmenter le prix. «J'ai acheté le sachet de lait à 35 DA. En tous les cas, c'est mieux que d'acheter un litre conditionné dans un emballage en carton, à 100 DA», confie un habitant de Bordj El Bahri, à l'est de la capitale. D'après M. Boulenouar, président de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), dans un précédent entretien, «la poudre de lait qui est un produit subventionné par l'Etat, ne va pas dans sa globalité à la production du lait en sachet. Une grande quantité de cette poudre est utilisée comme matière première dans les usines de transformation de produits qui ne sont pas subventionnés, tels que les yaourts et les fromages, etc. Nous demandons des pouvoirs publics l'ouverture d'une enquête, d'une part, et de l'autre, la mise en place d'un système de contrôle rigoureux, qui aura la capacité de résorber les déperditions», confie-t-il. Selon des commerçants, «l'approvisionnement en sachets de lait a considérablement diminué. De trois fois par semaine, nous sommes passés à une fois. Cela nous pose non seulement des problèmes avec la clientèle mais également au niveau du manque à gagner que cela engendre. Déjà que la marge bénéficiaire est infime que vient s'ajouter cette crise», soutiennent-ils. Aussi paradoxal que cela puisse paraître et d'après M. Boulenouar, «faute de concordance en termes de collecte, de traitement et de distribution du lait, les producteurs dans certaines wilayas ont été dans l'obligation de jeter leur production», assure-t-il. M. Boulenouar n'omettra pas de souligner que cette pénurie est peut être voulue dans le sens où elle va ajouter de l'eau au moulin des producteurs de lait conditionné en boîtes carton. «A chaque fois qu'il y a pénurie de lait, la demande sur le lait conditionné dans les boîte en carton croît fortement. La crise profite donc à certains producteurs, qui, d'ailleurs, importent la matière première de l'étranger», déplore-t-il. Et d'ajouter : «Au moment où les pouvoirs publics parlent d'encourager la production nationale, rien n'est fait par ces mêmes pouvoirs publics pour atteindre cet objectif.» En tout état de cause et quelles que soient les raisons de cette pénurie, ce sont les petites bourses qui en subissent les conséquences. En attendant que la crise se dissipe, les ménages se rabattent sur le lait en boîte, «Je ne peux pas me permettre d'acheter du lait à 95 DA le litre. C'est au-dessus de mes moyens», confie un père de famille. Dans la commune de Sidi M'hamed, les files d'attente devant les commerces d'alimentation générale se forment avant même que le camion de livraison de lait ne fasse son apparition. A peine les caisses remplies de sachets sont entreposées sur le trottoir qu'elles sont littéralement prises d'assaut par les clients. «C'est une image qui nous renvoie à une période que l'ont croyait révolue à tout jamais, celle des années de grandes pénuries», ironise un père de famille.