Les syndicats, qui réclament des mécanismes de protection du pouvoir d'achat, revendiquent d'être associés dans l'élaboration du nouveau code du travail. La grève de trois jours renouvelable entamée hier par l'intersyndicale a enregistré un suivi mitigé. Si cette action de protestation contre la réforme de la retraite et la dégradation du pouvoir d'achat a trouvé un écho favorable dans les secteurs de l'éducation et de la santé publique, l'adhésion n'a visiblement pas été au rendez-vous dans l'administration et dans le secteur économique, représenté par le syndicat autonome des travailleurs du groupe Sonelgaz. Le Syndicat national des vétérinaires de la Fonction publique s'est retiré de ce mouvement de protestation en raison de l'alerte concernant la grippe aviaire, qui nécessite la mobilisation de tous les effectifs vétérinaires au niveau des frontières et des abattoirs pour assurer le contrôle des viandes destinées à la consommation, expliquent les membres de l'intersyndicale. A l'exception de la capitale, les syndicats autonomes réunis autour des mêmes revendications ont tenu des rassemblements devant les sièges de wilaya pour dénoncer leur exclusion du débat sur la loi de finances 2017, considérée comme «le texte qui va abattre la misère sur les ménages algériens». Les protestataires ont également exprimé leurs préoccupations face à la précarité de l'emploi, aux conditions de travail et à la suppression des «acquis liés à la possibilité de départ en retraite anticipée». A Alger, l'intersyndicale n'a pas réussi à tenir son rassemblement devant la wilaya, le dispositif de sécurité ayant bouclé tous les accès au centre-ville. Des syndicalistes ont improvisé un sit-in en face de la centrale syndicale. «Nous tenons à dénoncer la confection de mesures d'austérité sans l'association des véritables représentants des travailleurs», expliquent plusieurs syndicalistes. Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), insiste sur la portée «symbolique» de ces actions de dénonciation organisées à travers le pays. «Toute la société est consciente de l'enjeu des textes qu'on est en train de mettre en place. Et c'est toute la société qui est concernée par ce combat pour faire annuler ces projets de loi», souligne le même syndicaliste. Les douze formations réunies dans l'intersyndicale dénoncent les nouvelles dispositions que le gouvernement veut introduire dans le cadre de l'amendement du code du travail «confectionné sur mesure par le patronat et validé par la dernière tripartite». Des mesures d'austérité visant à maintenir l'équilibre de la Caisse nationale de retraite (CNR) impliquent, selon le texte en préparation, la suppression de la retraite anticipée après 32 ans de service. Les syndicats rejettent également plusieurs dispositions contenues dans le projet de loi de finances 2017, incluant plusieurs taxes, et préviennent contre les répercussions sociales négatives de ces dispositions. Les syndicats, qui réclament des mécanismes de protection du pouvoir d'achat, revendiquent d'être associés dans l'élaboration du nouveau code du travail. Selon l'intersyndicale, le taux national de suivi varie entre 10% au niveau du groupe Sonelgaz à 62,73 % dans l'éducation. Selon le communiqué diffusé par la cellule de suivi de l'intersyndicale, les taux de suivi étaient de 32% dans l'administration publique, 60,43% dans la santé publique et 55% dans la formation professionnelle. Des taux contredits par certains départements officiels, qui ont minimisé l'impact de ce mouvement de protestation, à l'instar du ministère de la Formation professionnelle qui évalue le taux de suivi au niveau des établissements du secteur à moins de 1%. Après la première série de grève de trois jours qui sera consolidée par des rassemblements régionaux le 23 novembre à Laghouat, Sétif, Oran et Boumerdès, une autre série de trois jours de débrayage est prévue à partir du 27 novembre. L'intersyndicale défiera les mesures de restriction des marches et tentera d'organiser une manifestation devant l'APN le 27 novembre. «Nous voulons dénoncer le mutisme du gouvernement et la fermeture du dialogue par le gouvernement, qui continue d'ignorer toutes les voix, en dehors de celles de l'UGTA», insistent les représentants de l'intersyndicale.