Les élus ont tenté de faire passer leur message sur le manque de sérieux des entreprises et soulevé, à l'occasion, le manque de suivi de la SDE. La retentissante visite de deux jours, les 15 et 16 novembre, du président-directeur général de Sonelgaz, Mustapha Guitoun, dans la wilaya de Béjaïa, n'a pas été une occasion pour faire toute la lumière sur l'évolution du projet en souffrance de raccordement des foyers de la wilaya au réseau de gaz naturel. A commencer par la confusion qui entoure le taux de pénétration, que le premier responsable de Sonelgaz situe entre 45 et 50%, soit le plus bas du pays. Un chiffre autrement plus bas que celui avancé par le directeur local de l'énergie, qui, lui, a parlé de taux de réalisation moyen de 60%, à ne pas confondre avec le taux de raccordement, qui est, a-t-il précisé, de 45% ni avec celui de l'abonnement, qui est de 41%. Qui croire ? D'autant que, si on ajoute à ce déferlement de chiffres celui beaucoup plus bas, de 30%, qui nous a été divulgué sous le sceau de l'anonymat par un responsable de la direction générale de la SDE proche du dossier. Quoi qu'il en soit, ce n'est un secret pour personne que le projet piétine à Béjaïa et, encore une fois, ce sont les oppositions citoyennes -les responsables sont unanimes à le dire- ainsi que la nature escarpée du relief local qui entravent la marche normale des 250 chantiers de gaz en cours dans les 52 communes de la wilaya. «C'est inadmissible que quatre oppositions bloquent un projet au bénéfice de 8000 citoyens», a regretté de PDG de Sonelgaz, profitant de l'occasion pour appeler les autorités locales à «redoubler d'efforts» pour lever les oppositions et «mener le projet à terme». Le responsable s'exprimait ainsi sur, entre autres, le projet de refonte de la ligne de transport alimentant tout Béjaïa, qui se retrouve bloqué dans ses six derniers kilomètres par quatre oppositions au niveau de Boudjellil. Le SOS des P/APC Ceci dit, il s'agit ici d'une part de la vérité, et non de toute la vérité. Car continuer à imputer le retard aux mêmes écueils, c'est occulter le SOS des P/APC qui, eux, ont attiré l'attention, entre autres, sur «le manque de sérieux» des entreprises en charge des chantiers et la surveillance défectueuse de la SDE à leur égard. Dans le bref laps de temps de parole qui leur a été consacré lors de leur rencontre avec Mustapha Guitoun dans la salle des congrès de la wilaya au premier jour de la visite, les élus ont tenté de faire laconiquement passer le message et leur propre diagnostic de l'état du chantier de gaz. Loin des chiffres pompeux qui pèchent trop par leur propension à positiver la situation et des non-dits des officiels. C'est le cas de Djoulait Djamel, maire d'Ighil Ali, à 90 km au sud de Béjaïa, qui dresse un tableau noir de la situation dans sa circonscription. Selon lui, les entreprises réalisatrices du projet de gaz dans sa commune n'ont pas donné signe de vie depuis le Ramadhan dernier, laissant en état de chantier les lots n°1 (10%) et n°2 (70%), tandis que, a-t-il regretté, la même attitude est constatée vis-à-vis des réclamations enregistrées sur le lot n°3 achevé. «Pour se justifier, les entrepreneurs disent qu'ils n'ont pas été payés par la SDE», nous dira le maire. Autre problème : l'extension de 141 km prévue pour 4006 foyers de cette commune, dont l'étude prête est à ce jour sans suite, a fait savoir encore Djamel Djoulait. Une triste réalité à extrapoler sur beaucoup d'autres communes, telles que Kherrata, Amalou, Chemini, Bouhamza, etc. Devant les élus, Mustapha Guitoun a promis «de prendre en charge» leurs préoccupations. Il a instruit son directeur de la région Est de lui présenter un rapport «dans la semaine», consignant les problèmes soulevés. En outre, à la maison de la culture Taos Amrouche où il a été accueilli en fanfare pour lancer les journées portes ouvertes sur la société qu'il dirige, il a tenu à rassurer que «les projets de gaz en cours dans la wilaya ne seront pas touchés par les restrictions budgétaires». Ces promesses vont-elles être tenues ? L'avenir nous le dira. En tout cas, il est plus qu'urgent pour les autorités de rétablir la situation. Cela évitera d'alimenter le sentiment d'injustice qui couve parmi la population locale qui s'estime «lésée par rapport aux autres régions» dans les projets de développement. Sur le volet électricité, le PDG se félicitera du taux de 96% de raccordement dans la wilaya, lors de sa visite du poste source de Tagouba. Pour renforcer et sécuriser cette capacité, 6 nouveaux postes et 9 nouvelles lignes seront créés à l'horizon 2019, a-t-on appris sur place. Profitant de son passage dans la wilaya, Mustapha Guitoun a visité plusieurs sites relevant de son secteur et inauguré quelques réalisations.