L'explosion de la violence emporte tout dans son sillage. Négligée ou sous-estimée à ses débuts, elle atteint des proportions qui peuvent s'avérer aussi graves qu'incontrôlables. La haine qui la nourrit transgresse les limites traditionnelles pour revêtir un caractère xénophobe. De plus en plus de descentes punitives visent régulièrement des immigrés installés en communautés. Après Oran, Béchar et Tamanrasset, Alger vient de connaître sa nuit de violence à l'encontre de Subsahariens logés à Dély Ibrahim. Les raisons ne manquent pas de part et d'autre pour justifier des actes de violence inouïe, mais tout concourt à dire que la situation de pourrissement entretenue dans les cas cités a atteint un degré explosif. Le chômage qui règne en maître dans ces microcosmes donne libre cours aux maux sociaux qui finissent par déborder et embraser les lieux. Parallèlement, les multiples bouleversements que connaît le pays ont gravement porté atteinte au socle social, principalement bâti sur la cellule familiale. La démission parentale et la régression du rôle de l'école ont fini par livrer les enfants aux mauvaises fréquentations de la rue. Certaines statistiques avancent quelque 30 000 cas de violences par an enregistrés dans les seuls établissements scolaires, qui tendent à devenir malheureusement des endroits où se répand la drogue sous toutes ses formes. A force de minimiser les fléaux tant de violence que de drogue dans ces milieux éducatifs, le phénomène a pris de l'ampleur, au point de devenir incontrôlable. Les conséquences sont visibles dans les nouvelles cités de relogement où des batailles rangées à l'épée éclatent entre bandes rivales dans l'intention de conquérir des territoires et espaces d'écoulement de la drogue et de propagation d'autres activités maffieuses. La survenue d'une immigration massive déclenchée par les conflits armés n'est pas vue d'un bon œil par des chômeurs marginaux, car dans le flux migratoire se trouvent aussi des trafiquants en tout genre. Le conflit d'intérêt débouche alors sur des batailles sanglantes et souvent dramatiques. La crise économique qui affecte le pays n'est pas pour apporter des solutions à ces fléaux.