François Fillon fige le jeu politique en l'ancrant à droite toute. Comme il le fait aussi en matière d'immigration ou de définition d'une France métissée qu'il s'acharne à ne pas vouloir reconnaître. François Fillon ne sera que le candidat d'une droite clivante et conservatrice et en certains domaines assez réactionnaire. En raison de son libéralisme économique assumé, qui passe par la remise en cause des avantages sociaux (passage de l'âge de la retraite de 62 ans à 65 ans, renonciation aux 35 heures, etc.), François Fillon fige le jeu politique en l'ancrant à droite toute. Comme il le fait aussi en matière d'immigration ou de définition d'une France métissée qu'il s'acharne à ne pas vouloir reconnaître. Il lui faudra batailler pour aller en 2017 au-delà des 24% d'intentions de vote de son socle partisan, chiffre que lui prêtent pour l'heure les instituts de sondage. Il devra notamment faire «front» contre les propositions très populaires, souvent empruntées à la gauche par Marine Le Pen, candidate du Front national. Celle qui le talonne et l'attaque sur une thématique que ne désavoueraient pas les sympathisants de gauche, en tout cas les rangs de déclassés qui ne font que s'accroître : «François Fillon a le pire programme de casse sociale qui ait jamais existé.» Alors que les résultats politiques et économiques de l'Europe sont décriés, avec l'envie de beaucoup suivre l'exemple du Royaume-Uni qui a quitté l'UE, elle frappe fort : «Jamais aucun candidat n'est allé aussi loin dans la soumission aux exigences ultralibérales de l'Union européenne». En l'absence actuellement d'une gauche crédible, Marine Le Pen renvoie François Fillon dans son camp, d'autant qu'il pourrait bien n'être que le candidat du seul parti Les Républicains (LR). La réalité de la situation sociale et économique Une fois l'euphorie du dimanche atténuée, Fillon va retrouver la réalité de la situation sociale et économique pesante. La crise qui ne désarme pas a des incidences quotidiennes qui changent le jeu électoral en un champ de ruines de la désillusion, comme en témoigne la victoire de Trump aux USA. Ainsi, Fillon ne sera pas le candidat du centre qui pourrait bien mettre en selle son propre candidat. Le président de l'UDI (allié et faire-valoir centriste du parti LR), Jean-François Lagarde, souffle le chaud et le froid en annonçant des négociations pour recentrer le discours de Fillon à l'aune des législatives qui suivront en juin prochain la présidentielle d'avril et mai 2017. Plus sérieux, l'ancien candidat du centre en 2012, François Bayrou (MoDem), largement vilipendé pendant la campagne par Nicolas Sarkozy notamment, avait annoncé qu'en cas de défaite d'Alain Juppé, il songerait à se présenter. Pour l'instant, au soir des résultats il semblait hésiter mais le ver est dans la pomme. Lui qui avait appelé à voter pour le socialiste François Hollande en 2012, est à présent courtisé par l'aile sociale libérale de gauche représentée par l'ancien ministre Emmanuel Macron. Ce dernier, transfuge du règne de François Hollande, va son chemin en disant à tout-va que les notions de droite et de gauche n'ont plus cours. A gauche d'ailleurs, c'est la plus grande pagaille qui prévaut en cette fin novembre 2016. A gauche, éviter le pire Le président sortant François Hollande n'a pas encore annoncé s'il se présenterait à sa succession. Selon les vœux de son parti (Parti socialiste), il devrait dès lors se soumettre à une élection primaire qui se déroulerait en janvier, si le plan est respecté. D'ores et déjà, Arnaud Montebourg et Benoit Hamon arpentent la campagne et le Premier ministre Manuel Valls laisse entendre qu'il serait candidat. Même si des contrefeux sont déclenchés au PS pour éviter le pire. Contre son président, ce serait une première qui signerait l'échec l'an prochain et la reconstitution d'une nouvelle organisation à gauche dont, pour l'instant, aucun contour ne se dessine. La petite formation supplétive du Parti radical de gauche (PRG) a annoncé que Sylvie Pinel serait sa candidate en dehors de la primaire. A gauche de la gauche, Jean-Luc Mélenchon, 65 ans, ancien ministre, cofondateur du Parti de gauche, s'est déclaré candidat «hors cadre de parti» le 10 février. Les militants du Parti communiste, après beaucoup d'hésitation, viennent de se prononcer à 53,6% en faveur d'un soutien à sa candidature. En 2012, il était arrivé en quatrième position avec 11,1% des suffrages. D'autres petits candidats feront de la figuration : Nicolas Dupont-Aignan (droite, 1,79% en 2012), Yannick Jadot, vainqueur début novembre de la primaire écologiste, Philippe Poutou, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) et Jacques Cheminade. Cependant, les électeurs ne sont plus vraiment enclins à la dispersion vers des candidats qui n'ont aucune chance. La primaire de la droite l'a prouvé en atomisant quatre petits candidats et en plébiscitant largement les trois premiers. Cela devrait être confirmé en 2017 avec le tiercé du premier tour : droite, extrême-droite et gauche. On ignore encore dans quel ordre.