L'ouverture officielle du Festival international de musique symphonique se déroulant du 30 novembre au 4 décembre 2016, dont c'est la 8e édition, et le concert du lendemain se sont déroulés à guichets fermés. La preuve patente de cet engouement pour la musique universelle : le public mélomane ne cesse de grandir et brasser large. Mercredi, à 19h, tous les tickets étaient déjà vendus. Et ce, dans le désormais joyau, le nouvel Opéra d'Alger, baptisé Boualem Bessaïh par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. Et les 17 km depuis le Théâtre national algérien (TNA) Mahieddine Bachtarzi – la place initiale des premières éditions. Et cela pas dissuadé les amateurs de bonne musique. Et surtout symphonique. Un concert inaugural, bien que cela soit une célébration de la musique classique, il a été empli d'une grande tristesse quand le ministre de la Culture, dans son allocution, annoncera le décès de la légende de la musique chaâbie, le grand et immense Amaz Ezzahi, survenu mercredi après-midi, chez lui, dans son quartier, la Rampe Arezki Louni, ex-Rampe Valée, à Alger. Du coup, l'âme de Amaz Ezzahi planait sur l'Opéra. Il était le «fantôme de l'Opéra». HOMMAGES à MAHOUB BATI, ENNIO MORRICONE ET MIRIAM MAKEBA Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture, nous confiera à propos de la disparition du légendaire Amaz Ezzahi: «Je présente mes sincères et attristées condoléancesà sa famille. Amar Ezzahi a laissé un héritage monumental derrière lui. C'était un artiste du peuple. Tout le monde l'aimait et le respectait. Les gens étaient bouleversés quand ils ont appris qu'il était gravement malade. Ils nous appelaient pour avoir de ses nouvelles. Nous voulions faire tout notre possible pour qu'il vive encore et soit parmi nous. Et Dieu a voulu qu'il décède dans son pays, parmi les siens. Dans son quartier qui l'a vu grandir.» Au menu du vaste programme, figuraient des hommes ayant eu un rayonnement par leur musique de par le monde et au niveau national. Ainsi des «tributes» ont été rendus à Mahboub Bati, le grand auteur et compositeur qui a révolutionné la musique chaâbie à travers la chansonnette, par opposition au qcid (long texte), et ce, avec une reprise symphonique de titres comme Oh Ya N'tya (pour Boudjemaâ El Ankis), Ya louerka, ou encore Hakmet (pour El Hachemi Guerrouabi). Ennio Morricone, le fameux compositeur et chef d'orchestre italien, célèbre pour ses musiques de films western. Ainsi, l'Orchestre symphonique national, sous la direction du maestro Amine Kouider, très en verve, immortalisera le thème La Bataille d'Alger, de Gilo Pentercorvo (1966). Un thème martial, dramatique et tambour battant. Du bruit de bottes symphonique. Et Miriam Makeba, à travers Afrique, Afrika. Placé sous le signe du chant lyrique et du répertoire opératique. La soprano algérienne, Amel Brahim Djelloul, et le baryton français, Thomas Dolié, ont scellé l'amitié algéro-française. D'ailleurs, l'invité d'honneur de cette année est la France. L'un des pays qui ont participé depuis la première édition. Amel Brahim Djelloul et Thomas Dolié, un duo chic et choc, qui a donné de la voix. Ce «couple» a du coffre…fort. Un tandem esquissant des pas de deux. Une paire qui décoincera les zygomatiques en «zozotant» sur le bourdonnement d'une abeille mélomane. Du Mozart avec les Noces de Figaro, La Flûte enchantée et Don Giovanni, du Bizet avec le prélude Carmen. A volonté. «MOZART, L'ALGERIEN» En guise de bouquet, l'Orchestre symphonique national exécutera une surprise du…chef, le maestro Amine Kouider. Avec la participation des jeunes et talentueux musiciens. Le harpiste, Hassem Benaliou Belkacem, le luthiste, Riad Boualem, et un percussionniste tout aussi performant. Ils ont interprété avec brio une version algérianisée de la symphonie N°40 (1er mouvement) baptisée «Mozart l'Algérien». Un beau mariage sans frontières. Bravo !