La troisième soirée du Festival international de musique symphonique, qui se déroule du 30 novembre au 4 décembre à l'opéra Boualem Bessaïeh de Ouled Fayet, à Alger, a présenté la «french touch» opératique. Bien que la soirée soit organisée sous le signe de l'Europe, trois pays, l'Espagne, l'Autriche et la France ont défendu leurs couleurs... musicales. On est venus écouter la musique du vieux continent et on a trouvé la France, l'hôte d'honneur du festival. La preuve, cette affluence du public, présent dans l'enceinte de ce joyau qu'est l'Opéra d'Alger dès 16h30, alors que le concert débutait à 19h. Parce que les amateurs de bonne musique, celle universelle, connaissaient les têtes d'affiche. Ils étaient 1700. Et des dizaines d'autres n'ont pas pu y accéder. Tous les tickets ont été vendus (300 DA). L'on parlait d'un quatuor lyrique. Abdelkader Bouazara, commissaire du Festival international de la musique symphonique et directeur de l'Orchestre symphonique national (OSN), soulignera à ce propos : «La France est l'un des pays qui a participé depuis la première édition. Nous avons porté beaucoup d'intérêt à cet hôte d'honneur. Maintenant, au tour de La France d'être mise à l'honneur. Je dois saluer les diplomates, les gens s'occupant de la culture à l'ambassade de France et à l'Institut français, pour avoir soutenu le festival en participant avec un ensemble extraordinaire, soit quatre chanteurs lyriques français de renommée internationale…» MASSY…VE ATTACK Et c'est en présence de l'ambassadeur de France, Bernard Emié, ainsi que ceux d'Autriche et d'Espagne, que l'orchestre de l'opéra de Massy, une ville de l'Essonne, en Île-de-France, a envoyé les «bons baisers de France». Un concert sous le signe de l'amitié algéro-française. Et comme le thème de cette 8e édition porte exclusivement sur le chant lyrique et l'opéra, cela tombe à point nommé. L'orchestre de l'opéra de Massy a pour mission de répondre à la demande du public et d'aller à la rencontre de ceux qui ne fréquentent pas les salles de concerts. Il donne cinquante concerts par an et propose une trentaine d'actions pédagogiques en direction de tous les publics. L'orchestre explore toutes les époques, formes et styles du répertoire symphonique et s'approprie une cinquantaine d'ouvrages lyriques, du XVIIIe siècle à aujourd'hui. Il porte une attention toute particulière à la voix, chantée ou parlée, en soliste ou en chœur. Avec la collaboration de l'Atelier, qu'il a créé en 2004, l'orchestre construit plusieurs projets annuels, qui associent les chœurs amateurs de Massy et de l'île-de-France. L'orchestre de l'opéra de Massy est une association à but non lucratif subventionnée par la ville de Massy, le conseil général de l'Essonne et la DRAC île-de-France. Et pour marquer sa différence, l'orchestre de l'opéra de Massy, sous la direction du jeune maestro Constantin Rouits, la formation «tricolore» a aligné, partition en main, sa «dream team». La soprano Estelle Béreau, la mezzo-soprano Hélène Delalande, le baryton Marc Souchet, le ténor Rémy Poulakis, des musiciens hors pair, notamment le harpiste Jarre Annabelle, s'étant distingué par son doigté et des notes piquées oniriques. Au menu du programme, du Ravel, Berlioz, Saint-Saëns, Duparc, Faure, Debussy, Poulenc…Les maîtres mots de la prestation de l'orchestre francilien sont élévation, élégance et justesse. Une polyphonie lyrique, où chacun des chanteurs aura sa minute de gloire. A l'image et au son de la soprano Estelle Béréau. Chaleur, générosité et talent. Estelle Béreau, qui était tout heureuse d'exhiber son bébé de deux mois, a déclaré en guise de remerciements : «Je suis émue. Je suis venue ici il y a une année, pour un concert à Notre-Dame d'Afrique. J'étais enceinte de deux mois. Et le premier voyage de mon bébé et première destination, Alger. Merci !» Vivats pour la France. Fatima et Mourad, maîtres de cérémonie Et le public ne se fera pas prier pour reprendre en chœur les paroles de Carmen de Bizet : «L'amour est enfant de bohème/il n'a jamais, jamais, connu de loi /si tu ne m'aimes pas, je t'aime/et si je t'aime, prends garde à toi… » Le trio espagnol La Ritirata (guitare, cello et percussion traditionnelle) feront dans le baroque et l'ibérique. Un trio d'enfer. L'Autriche a été magnifiquement représentée par le Grazer Saalonorchester (l'Orchestre de salon de Graz), où les archets ont joué à l'unisson du Strauss, Stolz, Brahms ou encore du Steiner. Le tout rehaussé par la voix de la soprano masquée qui porte loin. Bref, les Autrichiens ont envoyé «valser» tout le monde. Les Valses de Vienne, comme dirait François Feldman. Et bravo aux animateurs Mourad Zirouni et Fatima